Deux hommes se cherchent. L'un se terre dans un hôtel minable de Madrid et l'autre a purgé une peine de prison pour avoir provoqué la mort d'une femme au volant de sa voiture. Mais est-ce lui le véritable responsable de cette mort? Richard Matas supprime l'illusion du point de vue objectif de l'enquêteur. L'artifice prend la forme d'un enregistrement sur cassettes dont le destinataire est un producteur de cinéma intéressé par leur histoire. Nous n'avons que le récit de Mendel, l'ex-taulard, et celui de Vagey, l'exilé, pour tenter de résoudre l'énigme de leur rapport.
Que l'un soit sourd et l'autre en passe de perdre la parole nous renseigne assez sur les intentions de l'auteur. "Ce qui est écrit ne veut rien dire." Méfions nous donc des scénaristes acharnés à donner le pourquoi de tout, l'avant et l'après de chacun. Il ne reste des personnages qu'une vérité forcément fragmentaire et tourmentée comme si l'énonciation visait moins à réduire l'inexplicable à l'expliqué qu'à nous contraindre à l'inquiétude.
Folies douces – Richard Matas – Actes-Sud – 160 pages – 12,30€ (septembre 1990) – Série noire Gallimard N°2318 (1993) – 160 pages – 5,55€ (librairies en ligne)- **
Lionel Germain – d'après un article publié dans Sud-Ouest-dimanche - 1993