Un flic désespéré peut-il trouver son salut grâce à la fraternité crépusculaire d'un vampire? Et d'abord peut-on croire aux vampires quand on a cessé de courtiser le Père-Noël? Ne répondez à ces questions qu'après avoir lu l'étrange roman de David Khara.
Barry Donovan a perdu sa femme dans les "attentats du 11 septembre", c'est un policier new-yorkais guère plus typé que les héros de série B habituels. Il enquête sur une épidémie de meurtres qui frappe des notables fortunés. Werner Von Wolinsky est un rescapé de la Guerre de Sécession. C'est lui le vampire. Un résidu brumeux d'humanité dont la nuit glaciale va se réchauffer peu à peu au contact de Donovan. La rencontre par Internet est une réminiscence des épisodes téléphoniques de SOS-Amitiés au cours desquels les suicidaires tentaient d'échapper à un destin funeste en trouvant une oreille secourable.
Et c'est son roman que David Khara sauve avec cette trouvaille. Un mélange de fluides tout à fait convenable où Donovan prête son souffle à la vapeur froide de Werner, où Werner condense la fièvre douloureuse de Donovan. Rien de spectaculaire dans la mise-en-scène du personnage fantastique hormis de discrètes évaporations sur les scènes de crime. Werner aide Donovan et Donovan ranime Werner. On peut trouver quelque faiblesse à l'argument, qu'on croie ou non au Père-Noël, mais le sujet du roman est là, quand le malheur dresse une muraille autour de nous, sommes-nous capables d'accueillir une autre âme glacée pour nous sauver nous-mêmes?
Les vestiges de l'aube – David Khara – 10/18 – 262 pages – 7,50€ - **
Lionel Germain