Comment concilier l’appétit du lointain propre à une ville qui fut celle d’où Jack London prit son envol et la pesanteur des destins enracinés dans le ghetto? C’est la réponse à cette question qui épuise les heures et les jours de T-Bird Murphy, personnage pathétique et irradié parfois par la rage de survivre hors des frontières d’Oakland. Les pauvres sont habilement invités à se déchirer entre eux plutôt que de s’unir pour changer le monde. Un grand roman sur la violence sociale.
Gris-Oakland - Eric Miles Williamson - Gallimard la Noire - 303 pages - 22,50€ – ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – décembre 2003
Les petits Blancs qui sont les héros de ce roman pourraient alimenter les troupes du tea party. Exclus de la grande braderie capitaliste, on les verrait bien en bras armés de cette classe moyenne sur le déclin qui revendique un retour aux valeurs mythiques des origines. Parqués dans les enclaves réservées aux Noirs et aux Chicanos d'Oakland, Williamson préfère les investir d'une rage et d'une révolte aux accents anarchistes. Portrait au vitriol d'un déclassé soldé dans les mécomptes du rêve américain.
Bienvenue à Oakland – Eric Miles Williamson – Fayard – 410 pages - ***
Points (2012) – 322 pages – 7,30€
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – juillet 2011