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mercredi 27 août 2025

Jamais sans mon piano


Un carambolage totalement inimaginable, sur une route perdue de l’Outback australien, va transformer le destin d’une adolescente, Meg (Milly Alcock), au volant d’un antique pick-up, et d’un déjà vieux rocker boomer à la ramasse, Lachlan (Tim Michin), remorquant un précieux piano.
 
Lachlan Flynn dit "Lucky" - mauvais surnom pour quelqu’un qui ne semble pas traverser une période faste – regard dans le vide et cheveux longs, pianiste talentueux et fauché, n’a plus parlé à sa famille depuis des années. Et avale des kilomètres de lignes droites de Sydney à Perth pour assister aux derniers jours de sa mère et lui jouer encore une fois de ce piano, héritage fétiche de sa jeunesse. 

Meg, gamine délurée, rebelle et pleine de repartie, n’a pas froid aux yeux ni la langue dans sa poche. Elle fuit on ne sait quoi (ou qui?) en déployant une incroyable énergie vitale. Entre ces deux marginaux réunis par le hasard au milieu du désert australien, le feeling va très vite passer, une connexion antagonique mais profonde, transformant leurs solitudes en aventure salvatrice. 

Ce tandem improbable va vivre une odyssée chaotique, un road trip souvent "dans la mouise" et plein de rebondissements – bikers en colère, kangourous, serpents venimeux, bébé dromadaire (!) – un périple presque initiatique entre deuil et espoirs. 

Chacun perçoit chez l’autre, de façon douce ou rugueuse, l’occasion et les ressources pour s’épauler et avancer, la culpabilité et le courage résigné de "Lucky" se confrontant à la détermination d’une Meg ne laissant personne lui imposer quoi que ce soit, et qui le mène presque à sa guise. 

Tout au long de ce voyage dans les paysages époustouflants du sud de l’Australie, les deux protagonistes révèlent un formidable duo d’acteurs, l’un, Tim Michin (à la fois musicien, parolier, scénariste et acteur dans la série), personnage rêvant de revenir sur ses erreurs, l’autre, Milly Alcock (extraordinaire dans son rôle d’adolescente à fleur de peau, et que l’on verra plus tard dans House of the dragon et Sirens), préférant éviter le présent. La série, soigneusement dosée, dévoile sans hâte les secrets de ce binôme attachant. Prenez allègrement la route pour les 4000 km Sydney-Perth!

Upright – Arte.TV - ****

Créée par Chris Taylor, Tim Minchin

Réalisée par Tim Minchin, Mirrah Foulkes, Matthew Saville

Avec Tim Minchin, Milly Alcock, Ella Scott Lynch, Heather Mitchell, Daniel Lapaine, Daniel Frederiksen, Jessica McNamee
Alain Barnoud





mardi 26 août 2025

Vieux démons et merveilles de la SF française


Le premier intérêt de ce gros pavé c’est qu’il ne ressemble à aucun autre, ensuite c’est sa tonalité bon enfant absolument dénuée des a priori de tous les sachants qui ne peuvent s’empêcher de pontifier sur la SF d’encyclopédies en anthologies, ignorant souvent ce que leurs prédécesseurs ont fait. 

Alain Grousset, né en 1956, en a pourtant vu des choses – et écrit pas mal de bouquins dans le genre. Mais il adopte un peu la méthode prudente de Diogène Laërce, fameux auteur grec ancien des Vies et doctrines des philosophes illustres: c’est peut-être ça, mais c’est aussi peut-être autre chose, en tout cas certains le prétendent. 





Plus qu’un guide chronologique, ou thématique, ces "petites histoires" sont une déambulation facétieuse à travers les méandres de ce gros demi-siècle (qu’il arrête à l’an 2000 pour une raison au symbolisme évident), – ou, presque, le voyage de découverte amusé et émerveillé d’un chineur dans les rayons d’une de ces bouquineries que l’auteur évoque parfois, où l’on trouvera à coup sûr des trésors oubliés...




Et des trésors ou des trouvailles, dans ce livre, il y en a…

Moments d’anthologie pour commencer, le récit, emprunté à Christian Grenier, des débuts de la Charte des écrivains jeunesse, l’équipée héroï-comique de quatre auteurs embarqués sous la pluie dans la campagne bretonne pour des interventions en milieu scolaire, et qui s’aperçoivent qu’on est en train de les gruger, l’organisation n’étant même pas capable de payer les repas et les frais de déplacement! Autre moment, le chassé-croisé éditorial étonnant du jeune Dominique Douay, alors écrivain en herbe, entre Régine Desforges et la littérature érotique – elle le bluffe, et Gérard Klein et la science-fiction pure et dure – il le rembarre! 

Il y a encore la saga familiale d’Armand de Caro, qui, coiffeur de son état, entre comme comptable à la World Press et finit par fonder en 1949 le Fleuve Noir avec son frère et son beau-frère, après avoir découvert Jean Bruce, futur auteur d’OSS 117, Georges-Jean Arnaud et San Antonio, excusez du peu! 

C’est sur ces marges de la littérature populaire, l’espionnage, le polar, la littérature libertine (entre érotisme et porno), le paranormal, que le livre est souvent prolixe: la SF à ses débuts doit se démarquer de voisinages trop encombrants, la parution en 1960 du "Matin des magiciens" de Pauwels et Bergier et un peu plus tard de la revue Planète seront clivantes à cet égard, comme vingt ans plus tard le clash entre tenants d’une "Nouvelle SF Française" jugée d’extrême-gauche et la vieille garde franchouillarde (presque déjà "fachosphérisée") menée par Jimmy Guieu et Richard-Bessière qui plus est "soucoupistes" pour reprendre l’expression de Gérard Klein. 

Ces empoignades, comme celles aussi entre les grands directeurs de collection en bisbilles parfois pour de mesquines questions d’ego, relèvent presque d’un clochemerle du village SF. 

Il y a aussi des rappels douloureux, la folie meurtrière de Claude Cheinisse qui ne supporta pas la perte de son épouse Christine Renard et mit fin à ses jours en 1982 après avoir tué sa mère et ses deux filles, l’assassinat en 1984 de Gérard Lebovici, le fondateur des Éditions Champ Libre, le suicide de Jean-Louis Fraysse en 2011 après le décès de son épouse Marcelle Perriod (à quatre mains ils écrivaient ensemble les livres signés "Michel Grimaud").
 
"Démons et merveilles", un titre de Lovecraft plusieurs fois cité dans le livre, c’est un peu ça ces petites histoires de la SF française, de vieux démons, et des merveilles… 

Attardons-nous sur les merveilles pour finir, la longue litanie des librairies souvent éphémères fondées avec quatre sous et trois bouts de ficelle par des amateurs éclairés et un peu allumés, aux noms qui font rêver, "La Balance" - que hantaient Boris Vian ou Raymond Queneau, "L’Atome", "La Mandragore", "Les Yeux fertiles", "Pellucidar", les revues tout aussi mythiques dont parfois des collectionneurs sont prêts à payer des fortunes pour un dernier numéro imprimé mais non paru, et peut-être jamais réellement mis en page… 

Ah! ce n° 159 de Galaxies inventé de toutes pièces  dans une biblio publiée par le luxueux prozine Fantascienza et qui rendit fou le collectionneur Francis Temperville! Ah! ce numéro 38 d’Horizons du fantastique imprimé en 1976 et qui ne fut distribué chichement qu’aux participants de la Convention de SF d’Orléans en 1993! 

Et les Conventions de SF! Metz, en 1977, avec Philip K. Dick et sa fameuse conférence "Si vous pensez que ce monde est mauvais, vous devriez en voir quelques autres!", qui vit la moitié de l’auditoire quitter les lieux avant la fin face à des propos jugés incompréhensibles… Et Bordeaux en 1981, organisée par l’inénarrable Francis Valéry, une rencontre quasi surréaliste que certains n’hésitèrent pas à appeler "bordelcon"!

Ce récit vivant et foisonnant a cependant été écrit un peu à la va-vite et pâtit d’une relecture sans doute sommaire, il y a des coquilles, des redites, et, faute d’index, le lecteur se perd en conjectures, n’a-t-il pas déjà lu ça avant, mais où, mais quand (par exemple tout ce qui concerne le collectionneur Pierre Versins et sa Maison d’Ailleurs à Yverdon en Suisse)? La typographie est elle aussi aléatoire, on bascule de l’italique au romain sans doute au hasard d’un clic et sans raison apparente – mais ce n’est qu’un détail qui n’enlève rien au charme de l’ensemble, et à sa fantaisie. 

Le charme, la fantaisie, c’est bien de cela qu’il s’agit, ça correspond un peu au fameux "sense of wonder" de la SF chez nos amis anglo-saxons. Science, fiction ou fantaisie, un essai sur la SF c’est aussi de la SF.

Petites histoires de la science-fiction française – Alain Grousset – ActuSF – 507 pages – 22,90 €  - ***
François Rahier



lundi 25 août 2025

Hommage collatéral


Sophie Loubière mène l'enquête sur un "féminicide" commis en 2008 (le terme n'existait pas encore) quand Karine Albert est tuée par son ancien compagnon. Banalité de ces "drames passionnels" qui alimentent la page des faits divers sans jamais interroger la surprenante récurrence du genre dans le camp des victimes. 


Mais plus surprenant encore, c'est cette "minute de silence" qui donne son titre au livre. Le 17 novembre 2008, l'Assemblée nationale rend hommage à Jean-Marie Demange, un député de la Moselle. C'est lui qui a tué Karine Albert, son ex-maîtresse, avant de se suicider. La compassion des Représentants du peuple apparaît comme un déni du crime, et c'est ce décalage indécent que questionne Sophie Loubière dans un récit parsemé de confidences très personnelles. Avec une postface de l'écrivain américain Thomas H. Cook.




Une minute de silence - Sophie Loubière – Dark Side – 224 pages - 19,95€ - *** 
Lionel Germain



mercredi 20 août 2025

Le bus de l’horreur


Un fait divers abominable avait horrifié l’Inde, puis le monde entier, en décembre 2012. Dans le District sud de Delhi, un jeune couple rentrant du cinéma, Vishal Chaturvedi (Denzil Smith) et Deepika (Abhilasha Singh), est agressé par six hommes dans un bus. Le premier est roué de coups, la seconde violée et atrocement torturée et mutilée. Histoire vraie, appelée l’affaire Nirbhaya ("Delhi gang rape"), le viol de Jioty Singh (Deepika) va provoquer un soulèvement populaire sans précédent à travers tout le pays, demandant que justice soit faite. 

L’enquête est confiée à Vartika Chatuverdi (exceptionnelle Shelafi Shah), commissaire adjointe de la DCP (police criminelle de Delhi), respectée de ses subordonnés, déterminée, opiniâtre et tenace jusqu’à l’acharnement, véritable héroïne de la série (et de l’enquête réelle). 

Avec son équipe fidèle, qui lui est totalement dévouée – son adjoint Bhupendra (Rajesh Tailang), le sous-inspecteur Jairaj Singh (Anurag Arora), la sous-inspectrice Vimla Bardwaj (Jaya Bhattacharya), ainsi que sa recrue Neeti (Rasika Dugal), jeune femme intelligente et courageuse – elle n’aura que très peu de temps, en investiguant 24 heures sur 24, pour arrêter les coupables. 

Sous la supervision coopérative du commissaire principal Vijay (Adil Hussain) et sous la pression des politiques guettant le moindre faux-pas, des médias dans la surenchère et des manifestants, elle parviendra à identifier les suspects, malgré la difficulté d’obtenir des informations qu’aucun vice de forme ne vienne annuler. 

"Delhi Crime" constitue une véritable immersion dans une quête de justice minutieuse et éprouvante pour une police manquant cruellement de moyens matériels et humains: pas de menottes, des policiers devant payer eux-mêmes l’essence de leurs véhicules et ne rentrant chez eux, souvent, que deux fois par mois, dormant sur place dans des commissariats trop pauvres pour payer leur facture d’électricité. Ces hommes-là nous apparaissent, quant à eux, pleins de bienveillance et d’humanité. 

Véritable radioscopie de la société indienne, ce "true crime" explore sans dramatisation superflue les travers de ce pays: bureaucratie et hiérarchie, castes, incompétence et indifférence d’une large partie des policiers et des politiques, corruption, zones tribales (TNR, tribus non répertoriées). 

Et, surtout, le statut de la femme, entre mariages arrangés et violences sexuelles subies par des dizaines de milliers de femmes chaque année: un viol toutes les vingt minutes, la plupart d’entre eux ne faisant jamais l’objet de plaintes. Dans cette société patriarcale rétrograde, la culpabilisation des victimes reste prégnante et se révèle presque aussi violente que les agressions elles-mêmes.

Nota: un documentaire poignant de la BBC, "India’s daughter", témoigne de ce crime abject qui a profondément bouleversé la société indienne. Les cinq violeurs majeurs ont été condamnés à mort et exécutés, le violeur mineur a purgé trois ans de prison puis a été relâché.

Delhi Crime (saison 1, 7 épisodes de 60 minutes) – **** - Netflix

Créée par Richie Mehta

Scénariste: Richie Mehta

Réalisée par: Richie Mehta, Tanuj Chopra

Avec : Shefali Shah, Rajesh Tailang, Rasika Dugal, Anurag Arora, Adil Hussain, Jaya Bhattacharya, Gopal Datt, Vinod Sharawat
Alain Barnoud






"Indian's Daughter



mardi 19 août 2025

Blish rentre dans l’ombre.

Le Geek de la Bodleian Library
James Blish (1921-1975), entre Roger Bacon et Mr Spock


Cinquante ans après sa disparition en juillet 1975, seule l’intégrale des "Villes nomades" demeure disponible en librairie, en français chez Mnémos, dans la belle traduction en partie réalisée par Michel Deutsch, et, en version originale chez Orion Publishing un groupe qui appartient à Hachette. 

Cette vision du futur d’une ampleur rarement atteinte, a mis cet auteur malheureusement un peu oublié en bonne place parmi les Asimov, Heinlein, ou autres Van Vogt. Le cycle raconte comment, de 2012 à 4004, grâce à l’antigravité et à la drogue de longue vie, des villes entières quittent la Terre appauvrie et sillonnent l’espace, peuplées d’émigrants d’un nouvel âge comme les "okies" américains des années 30 auxquels l’histoire est implicitement dédiée. L’humanité va essaimer dans les étoiles, fécondant des cultures étrangères et jouant son rôle dans le développement de la grande civilisation de la Voie lactée.



C’est vrai que Blish aimait aussi l’ombre.
Étrange personnage que cet américain né en 1921, zoologiste féru d’occultisme, qui choisit de mourir à Oxford en 1975 pour se rapprocher de l’esprit de la philosophie médiévale, et dont les manuscrits sont déposés à la Bodleian Library. Son œuvre majeure, une trilogie qui emprunte son titre à un vers de T. S. Eliot, "Après pareil savoir", s’interrogeait, un peu à la manière de Goethe, sur le désir de connaissance profane et les rapports entre la science et le mal. 


Le premier volume, "Doctor Mirabilis", inédit en français, est un roman historique consacré au philosophe du XIIIe siècle Roger Bacon, que la tradition appelle le "Docteur admirable". Le second, en deux tomes réédités jadis par Presses-Pocket ("Pâques noires"/"Le lendemain du Jugement dernier"), conjugue d’une manière saisissante démonologie et science-fiction: un esthète dévoyé lâche sur Terre, un matin de Pâques, quarante-huit princes et présidents des enfers, et la Troisième Guerre mondiale éclate. 

Le troisième volume, "Un cas de conscience" (Denoël), reste le chef-d’œuvre de Blish: les sauriens intelligents que découvre le jésuite Ruiz-Sanchez sur la lointaine planète Lithia vivent heureux. A-t-on découvert un nouvel Eden préservé du péché originel, ou au contraire un piège dangereux tendu par Satan? L’apocalypse qui clôt ce livre difficile et parfois décrié révèle une amère vérité: le Dieu de Job règne sur le monde, le Dieu vengeur et jaloux de l’Ancien Testament que le jésuite découvre dans le visage des hommes torturés par la souffrance.




Ensuite, Blish rentra vraiment dans l’ombre.
Il s’était pris de passion pour le fameux feuilleton télévisé "Star Trek", retrouvant l’esprit des "Villes nomades" des débuts de son œuvre dans l’épopée stellaire du gigantesque "USS Enterprise" et de son équipage, une série de SF née dans les années lumières de la lutte pour les droits civiques aux USA et dont la richesse thématique marquera durablement le genre. 



Il novellisa les soixante-dix-neuf épisodes de la saison 1 dans une série de volumes dont l’éditeur bruxellois Claude Lefrancq avait publié une traduction aujourd’hui malheureusement épuisée – se permettant parfois de broder sa propre histoire avec "Spock doit mourir", un inédit qui se lit comme un passionnant roman d’aventures mais aussi, au deuxième degré, et avec ce qu’il faut d’humour, comme une enquête théologique: au cours d’un accident de téléportation, le célèbre vulcain Mr Spock réapparaît deux fois; "L’homme qui se rematérialise après sa première téléportation a-t-il toujours une âme immortelle"?

Blish, "après pareil savoir", était retourné aux étoiles qu’il avait promises à l’homme, avec la candeur de l’enfance et un dernier pied de nez à la raison.

Cities in flight – James Blish – Orion – 640 pages – 18,80 € (ebook 3,99 €) 
Les  Villes nomades – James Blish – Mnémos – 680 pages - 35 € - En librairie (les livres épuisés sont aisément disponibles en bouquineries)
 
François Rahier



lundi 18 août 2025

Natures mortes


C'est à l'intersection de tous nos malheurs que Pascal Dessaint installe sa caméra. Un dispositif léger qui suit au plus près les consciences asphyxiées par les émanations d'un système prédateur. 



L'auteur excelle une fois encore à faire entendre les voix singulières d'un roman choral: Gaspard le voyeur institutionnel de la vidéo surveillance des carrefours, Lucas dont la passion pour les girafes est inversement proportionnelle à la haine qu'il éprouve pour sa vieille mère, Zélie qui rêve depuis son balcon au destin menacé des chardonnerets, l'homme à la craie enfin, recenseur des "mauvaises herbes" de nos trottoirs. 




Comment tout savoir de Buffon et des ruses "évolutionnistes" de la girafe avec l'acacia sans jamais perdre le rythme d'un drame aussi inévitable que la montée des eaux sur le littoral. Comme le disait Charles Nodier en 1842: "Lorsqu'on a vu l'Homme d'un peu près, on est fier d'être Girafe."

L'envers de la girafe - Pascal Dessaint – Rivages – 208 pages – 20€ - ****  
Lionel Germain

mercredi 9 juillet 2025

L’opéra baroque de Jack Vance

 
Nos contemporains raffolent du baroque. Les grands découvreurs des temps modernes, substituant le pli et l’infinie mouvance des choses aux abstractions des philosophes, savaient déjà que l’univers était profondément baroque, shakespearien même… Jack Vance (1916-2013) aussi. 

Cet ancien marin est le plus parfait conteur qu'ait produit la SF, un peu l'égal de Stevenson ou d'Alexandre Dumas. Sa fiction très personnelle a engendré des univers à la mesure des outrances humaines. Plus préoccupé par le dire et le faire que par le savoir qu’il traite parfois légèrement, Jack Vance est un peu un ethnographe du futur.



Auteur abondamment traduit, ou réédité, en France, il n’a pas la notoriété d’un Herbert ou d’un Asimov. La coupe transversale qu’il opère dans un univers très conventionnel de space opera, figé dans le post-moyen âge d’une ère vaguement renaissante, le dédain affiché pour la technologie, sa préférence enfin pour les récits picaresques où le tragique côtoie le grotesque et la farce, l’ont mis à l’abri des tentations messianiques ou des conjectures parascientifiques. 


Durdane, mise en scène dans ces "chroniques" à la traduction soigneusement révisée, et qui regroupent trois romans publiés séparément à l’origine, "L’Homme sans Visage", "Les Paladins de la liberté" et "Asutra!", est une de ces planètes qu’affectionne Vance, un monde où coexistent de nombreux groupes humains organisés en structures sociales souvent bien opposées: au pays Shant par exemple, une communauté gouvernée par l’Anome, un tyran dont personne n’a jamais vu la face, la paix règne sur fond de terreur quotidienne: chaque individu est contrôlé par le torque explosif qu’il doit porter autour du cou dès son adolescence. 

Un jeune aventurier, fils d’une prostituée et d’un musicien errant, va chercher à percer le secret de l’Homme sans Visage. Le livre est accompagné d’une bibliographie exhaustive de plus de 35 pages due à Alain Sprauel; cette édition s’inscrit dans le cadre du projet VIE (Vance Integral Edition) initié par la famille de l’auteur: 44 volumes amenés à être progressivement traduits en français. 

Vance: une leçon de tolérance, amère et souriante, contée avec ce qu’il faut de bruit et de fureur, un positionnement atypique aussi, si on le compare à celui de sa grande contemporaine Ursula Le Guin, elle aussi créatrice d’univers de fantaisie, écoféministe plutôt classée à gauche. 

Mais le libertarianisme dont se réclame Vance, refusant à l'état le monopole de la violence, qui est l'autoroute pour le fascisme, et revendiquant pour chacun le droit de se battre pour défendre sa liberté d'agir, pour ambigu qu’il soit, diffère beaucoup de celui qui s’affiche en diatribes tonitruantes en ce moment aux États-Unis. 

Crédit @VIE



Et de toutes façons Vance, comme le  souligne dans sa postface son ami  Russell Letson, aimait à dire "qu’il  racontait simplement une histoire et  imaginait des lieux […] sans se  préoccuper de transmettre des  messages. […] Il nierait avoir eu des   idées si saugrenues, avant d’aller   jouer de son banjo".





Les Chroniques de Durdane, l’intégrale – Jack Vance - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patrick Dusoulier et Arlette Rosenblum – Éditions du Bélial’ - 573 pages – 26,90€ 
François Rahier



mardi 8 juillet 2025

Question de confiance


Qui pour succéder à J. Paul Getty (Donald Sutherland), patriarche milliardaire à la tête de la Getty Oil Company, l’un des hommes voire l’homme le plus riche du monde? En ce début des années 70, claquemuré dans la campagne anglaise à Sutton Place, immense manoir au luxe froid ayant appartenu aux Tudors, il vit avec un harem de quatre femmes se ressemblant étrangement, et avec un lion domestique. 

Mégalomane au point de se prendre pour l’empereur Hadrien, il va devoir, à la suite du suicide à Hollywood de son fils aîné George (Filippo Valle), faire le choix d’un nouveau successeur. Considérant ses autres fils – John Paul Jr. en tête (Michael Esper) – comme des bons à rien, il jette son dévolu sur son petit-fils John Paul III (Harris Dickinson), adolescent de 16 ans libre et cultivé, attiré par les arts. Mais aussi déscolarisé, menant à Rome la vie insouciante des héritiers fortunés, "golden hippie" sexe & drogue. 

L‘histoire (vraie) de son enlèvement par la mafia calabraise et la demande par cette dernière d’une rançon de 17 millions de dollars – pour une dette de jeu de 6000 dollars – avait de longs mois durant été à la une de l’information dans le monde entier, et avait aussi déjà fait l’objet d’un film de Ridley Scott, "Tout l’argent du monde". Le grand-père, intransigeant, aigri et dénué de compassion, refuse tout d’abord de payer la somme exorbitante exigée, puis fait une contre-offre de 600 dollars, plus les frais. 

Gail Getty (Hilary Swank), la mère désargentée du jeune otage, sera la seule à négocier pied à pied avec les ravisseurs, en s’alliant avec un ancien agent de la CIA, James Fletcher Chace (Brendan Fraser). Tractations emberlificotées, inhumanité et avarice vont jalonner le calvaire enduré par le jeune Getty, dont les kidnappeurs ne parviennent pas à comprendre pourquoi personne ne semble vouloir le récupérer. 

Co-réalisateur de la série, Danny Boyle – auquel on doit notamment "Trainspotting" (1996), "Slumdog Millionaire" (2008) ou "Yesterday" (2019) - peut sembler parfois osciller entre "soap" façon Dallas et "true crime", mais marque nettement son intention de restaurer une certaine vérité historique pour faire oublier la version filmique sans beaucoup d’aspérités de Ridley Scott. Il avertit en outre que, pour les besoins de la fiction, dans cette série inspirée de faits réels, dialogues et éléments de narration ont été imaginés pour mieux, à eux tous, allier réalisme et imaginaire. 

Réaliste d’ailleurs - et impressionnant - est le jeu d’acteur d’un Donald Sutherland exceptionnellement détestable dans l’incarnation de ce John Paul Getty sadique, égoïste et réactionnaire. Patriarche qui détonne au sein d’un monde en pleine mutation, avec sa musique pop-rock-psychédélique des années 70, portant et imprégnant tout le récit, au son des Rolling Stones, David Bowie, Uriah Heep, John Kongos, Curved Air, Timmy Thomas, Adriano Celentano et, bien sûr, en point d’orgue, les Pink Floyd dont l’un des titres cultes, "Money", fait l’ouverture de Trust.

Trust (1 saison, 10 épisodes de 42 minutes) – **** - Disney +, Apple TV VOD, Orange VOD

Créée par Simon Beaufoy - Scénaristes: Simon Beaufoy, Brian Fillis, Alice Nutter, John Jackson, Harriet Braun

Réalisée par: Danny Boyle, Jonathan van Tulleken, Dawn Shadforth, Susanna White, Emanuele Crialese

Avec : Donald Sutherland, Harris Dickinson, Hilary Swank, Luca Marinelli, Anna Chancellor, Brendan Fraser, Silas Carson, Michael Esper
Alain Barnoud




lundi 7 juillet 2025

Mémoire épidermique


Dans "Le Tatoué", impérissable chef d'œuvre des années 60 pour le scénario duquel se sont éreintés Alphonse Boudard et Pascal Jardin, Gabin se trimballait avec un Modigliani dans le dos et Louis de Funés était prêt à se ruiner pour le récupérer. La fiction qui prétend nous surprendre en scénarisant l'impossible s'efface pourtant devant les extravagances du réel. Et le "roman" de Lionel Destremau illustre ce vertige qui nous ferait douter de tout. 




Pour atteindre ce lieu documenté des années trente où un vrai médecin légiste a procédé à la reliure en peau humaine d'un livre sur le criminel Louis Rambert, l'auteur s'autorise l'invention en 2024 d'un jeune officier de police qui va mener l'enquête à la fois sur ses origines et sur cette étrange passion pour les tatouages.




D'autres incartades avec la réalité vont permettre au patchwork littéraire de reconstituer le destin tragique des deux criminels, Louis Rambert et Gustave Mailly. Les deux ont été condamnés à la peine de mort par les Assises du Rhône pour avoir assassiné à coups de marteau un retraité et sa tante dans une maison d'Écully. De 1930 à 1931, ils avaient déjà commis une vingtaine de cambriolages. L'un était chauffeur, l'autre chiffonnier, et Lionel Destremau repousse le curseur du calendrier pour raconter leur parcours. 

Le début du Vingtième Siècle, les errances, les fréquentations et les trajectoires qu'on pressent destinées au malheur, tout se lit selon un procédé qu'affectionnait Dos Passos, coupures de presses et bulletins de situation qui nous donnent aussi bien des nouvelles du mauvais temps que du mauvais karma des deux compères. 

Le roman explore le passé en multipliant les angles pour mieux sourcer cette récurrence du crime, pour échapper peut-être à la tyrannie des interprétations, pour laisser surgir enfin une vision du monde qui appartienne en partie au lecteur.  

Un Crime dans la peau - Lionel Destremau – La Manufacture de livres – 304 pages – 19,90€ - ***
Lionel Germain



mercredi 2 juillet 2025

Cafardnaüm


Cafard! (ou mouchard) c’est la traduction de Manayek, mot hébreu – et argotique – titre de la série. C’est le surnom dont a hérité Izzy Bachar (Shalom Assayag), vétéran de la D.E.I.P. (Département des Enquêtes Internes de la Police, "la police des polices"), après avoir dénoncé des violences policières. Enquêteur chevronné et intègre, il va apprendre, à la veille de sa retraite, que son meilleur ami Barak Harel (Amos Tamam) est soupçonné de corruption. 

Cet ancien partenaire qu’il a formé est un officier charismatique de haut rang et se trouve à la tête du plus gros poste de police du pays. La mauvaise nouvelle tombe à l’occasion du pot de départ à la retraite de Dudu Eini (Sasi Samucha), directeur de la police, troisième membre de ce trio lié par une amitié indéfectible depuis leur entrée dans les forces de l’ordre. 

Souhaitant aider son ami à se tirer de cette mauvaise passe, Izzy accepte de participer à l’enquête. Les révélations qu’il obtient vont dévoiler non pas de simples magouilles mais l’existence d’un réseau tentaculaire lié à l’un des plus grands syndicats du crime de Tel Aviv. 

C’est à ce moment-là que sa vie va  basculer. Avec l’aide de Tal Ben Harush (Liraz Chamami), jeune enquêtrice de la brigade anti-gang animée d’une volonté tenace de découvrir la vérité, il engage une chasse acharnée contre Barak devenu son plus féroce ennemi. Ils devront faire face à un système qui malgré des preuves irréfutables se protège par tous les moyens (à l’image de Dudu) pour clore l’enquête.
 
Izzy parviendra-t-il à se préserver dans ce combat entre policiers intègres et policiers ripoux? C’est incontestablement un des axes majeurs de Manayek. Avec en toile de fond une société israélienne minée par la corruption et la défiance, la série nous immerge dans un univers nauséabond, au cœur des liens opaques entre police, justice et organisations mafieuses. 

On doit au scénariste Roy Iddan la série pleine de suspense "Téhéran" et au réalisateur Alon Zingman la série (comédie) "Les Shtisel: une famille à Jérusalem", tous deux ayant pris l’option de changer pour le genre "bad cops". Manayek, en ce sens, fait immanquablement penser à "The Shield", série culte américaine avec ses policiers violents, véreux et racistes. Mais aussi, du fait de sa narration adroite, de son rythme et de sa tension psychologique, aux grands classiques du polar ("Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville, par exemple). 

Au cours de son enquête (de sa quête?) Izzy, héros incorruptible, va découvrir que son monde n’était pas celui qu’il croyait être, dans un État de droit à géométrie variable, une société écartelée entre loyauté, trahison et devoir. Un monde de violences et de mensonges, à explorer absolument.

Manayek – Trahison dans la police (3 saisons, 30 épisodes de 45 minutes) – Arte.TV ****

Créée par Roy Iddan et Yoav Gross

Réalisée par Alon Zingman

Avec: Shalom Assayag, Amos Taman, Liraz Chamami, Doron Ben David, Mouna Hawa, Diana Golbi, Sasi Samucha, Maya Dagan, Ofer Hayoun
Alain Barnoud


Voir la bande-annonce sur Arte






mardi 1 juillet 2025

L'Aube des super-héros


Romans, nouvelles, scénarios de BD, pendant 50 ans Edmond Hamilton (1904-1977) a œuvré pour la science-fiction, aux côtés de son épouse Leigh Brackett – qui travailla elle-même sur "Star Wars". Des origines à nos jours le space opera lui doit beaucoup, les super héros des comics également. Sous la houlette de deux bordelais, Francis Valéry et Laurent Queyssi, la revue Bifrost avait publié il y a quelques années un passionnant dossier ("Edmond Hamilton, le roi des étoiles", n° 90, avril 2018, toujours disponible), une utile piqûre de rappel pour ceux qui ignorent encore que la SF a une histoire.

Patrimoine immatériel de la culture populaire, les "pulps" ont leur collection chez le même éditeur. Ces fascicules aux couvertures criardes ont été à l’origine du space opera, et ont marqué de leur empreinte des blockbusters comme "Star Wars". Le héros-phare de cette nouvelle série est plus connu chez nous à travers son adaptation en dessin animé : "Capitaine Flam, à la rescousse!" (Toei Animation, 1978). Hamilton en écrivit la plupart des épisodes, entre 1940 et 1945, sur une idée de Mort Weisinger, futur responsable de DC Comics. 



Responsable éditorial de cette collection et traducteur déjà de sept volumes de la série, Pierre-Paul Durastanti la présente ainsi: "PULPS est un espace voué à l’Aventure. Une collection, si l’on veut, ou un label, mais plus sûrement un état d’esprit. Ce qui préside ici, c’est la science-fiction sur grand écran. Il s’agit de distraire sans se prendre au sérieux. Le sentiment est à l’émerveillement" – ce fameux "sense of wonder" de la littérature d’anticipation.



L’auteur se joue avec brio de ce que d’aucuns appelleront les poncifs du genre: mondes interdits, extra-terrestres pas toujours amènes et embrouilles en tous genres dans l’espace. Ici, autour de Curt Newton, le "Capitaine Futur", qui a tous les attributs d’un super-héros – y compris le récit des origines – on trouve un robot, un androïde, un cerveau en bocal et une belle jeune femme échappant aux clichés de l’époque. 

L’opéra de l’espace, si bien nommé, fonctionne comme les grandes machines romantiques de Hugo ou Verdi: portés par la musique ou le rythme, nous sommes moins sensibles aux invraisemblances ou aux stéréotypes. Et du rythme, il en a, ce bougre d’Hamilton!

Capitaine Futur/Le Magicien de Mars - Edmond Hamilton - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-Paul Durastanti. - Pulps/Le Bélial’ - 188 pages - 18.90 € (7 volumes parus)
François Rahier



lundi 30 juin 2025

Frères de sang


Les amateurs de Jo Nesbo habitués à l'exubérance de la série consacrée au personnage de Harry Hole seront surpris par ce diptyque dans lequel la noirceur de l'écrivain s'accommode très bien d'un classicisme tempéré. 



"Leur domaine" nous présentait les deux frères, Carl et Roy, dont les parents avaient disparu dans un mystérieux accident de voiture. Comme souvent pour le lecteur français, la géographie tient une place prépondérante dans la découverte des romans nordiques. Ici, la bourgade s'appelle Os, petite ville coincée entre les montagnes et un lac en contrebas d'un virage, le virage des Chèvres, lui-même fatal aux conducteurs imprudents. 




Roy est toujours le narrateur de ce deuxième volet.  Contrarier les deux frères expose à des conséquences mortelles. Notamment  sur ce projet de tunnel destiné à contourner le bourg, royaume où Carl espère concrétiser de grands programmes touristiques.

Au-delà des dérives meurtrières du duo, Jo Nesbo nous accroche à leurs tourments personnels et à une rivalité qui se révèle au fil des pages de plus en plus dangereuse. Comme un retour aux fondamentaux du polar.

Les maîtres du domaine - Jo Nesbo – Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier – Série noire Gallimard – 466 pages – *** 
Lionel Germain



mercredi 25 juin 2025

"Tu me cherches!"


Des coups de klaxon, un doigt d’honneur. Sur le parking d’un centre commercial de Los Angeles, Danny Cho (Steven Yeun), auto-entrepreneur immigré en pleine crise, fatigué par une trop longue journée, manque d’emboutir, avec son vieux pick-up cabossé, un rutilant SUV Mercedes blanc. Au volant, Amy Lau (Ali Wong), bourgeoise mère de famille à la tête d’une entreprise performante qu’elle est en passe de vendre plusieurs millions de dollars. 

Pour Danny, ce n’était pas le jour. Libérant sa rage, il se lance dans une course-poursuite insensée dans les rues de cette banlieue chic californienne. Elle s’achève sans qu’aucun des deux conducteurs n’ait pu voir le visage de l’autre. Les recherches de Danny sur Internet feront le reste, et très vite les deux protagonistes vont s’engager dans une vendetta irrationnelle, alimentée par une haine incontrôlable. Une situation qui n’est pas loin d’évoquer le film de Joël Schumacher "Chute libre", ou celui de Damian Szifron "Les nouveaux sauvages". 

Le besoin viscéral de vengeance de Danny et d’Amy va mettre en danger tout ce qu’ils ont construit, ainsi que tous leurs proches. Cette accumulation de coups tordus réciproques va révéler les fêlures, les frustrations et les regrets de chacun. Une descente aux enfers pour Danny, qui vit de petits jobs mal payés et parfois foireux, ainsi que pour Amy, son monde familial idéal et ses succès professionnels. La quête du malheur de l’autre devient une obsession. 

Cette comédie noire se déroule dans la communauté asiatique et notamment coréenne de Los Angeles, communauté où le succès est synonyme de survie. Elle pratique un mélange des genres qui, au fil des épisodes (10 !), déroute le spectateur. Le rythme s’essouffle, rendant le récit long et poussif. 

On oscille en permanence entre humour et absurdité, comédie légère et drame, mais ces variations finissent par nous perdre … et nous lasser. Certains dialogues du dernier épisode, limite indigents et affligeants, contribuent à modérer l’emballement initial pour une série dont le titre anglais, BEEF ("Do you want beef" = "Tu me cherches?") illustre bien le thème. 

Construite autour de deux acteurs impeccables, Ali Wong, comédienne de stand-up féroce et trash, et Steven Yeun découvert dans "The Walking Dead", elle devrait connaître une deuxième saison avec quelques "guests". Ils apporteront peut-être un tonus supplémentaire si le scénario évite l’enchaînement d’évènements improbables.

Acharnés (saison 1, 10 épisodes de 30 minutes) - Netflix **

Scénariste : Jean Kyoung Frazier

Réalisée par Jake Shreier et Hikari

Avec : Ali Wong, Steven Yeun, Patti Yasutake, Joseph Lee (II), Ashley Park, Young Mazino, Remy Holt, David Choe, Justin H.Min, Maria Bello
Alain Barnoud






mardi 24 juin 2025

Retour sur Olaf Stapledon


Le plus formidable peut-être des créateurs d’univers sort enfin de l’ombre. Grâce au travail précieux de trois chercheurs, Simon Ayrinhac, Jean-Guillaume Lanuque et Xavier Noÿ, l’œuvre d’Olaf Stapledon (1886-1950) commence à être de nouveau accessible en français, et fait l’objet, avec ce numéro de la revue Galaxies, d’un dossier passionnant. 

Philosophe de formation, Stapledon avait eu recours assez vite à la fiction pour vulgariser ses idées. À l’époque, Virginia Woolf et Winston Churchill apprécièrent son œuvre, ce qui ne fut pas le cas de ses contemporains H.-G. Wells ou C. S. Lewis – ce dernier récemment mis en scène avec Sigmund Freud dans "Freud, la dernière confession" le film de Matthew Bown – qui s’opposèrent à lui sur la question religieuse. 




Parmi les "Universe Makers", pour reprendre le titre d’un ouvrage d’A. E. Van Vogt, Stapledon est celui qui embrasse la plus grande amplitude temporelle: si La Cité et les astres d’A. C. Clarke, par exemple, nous invite à visiter l’univers dans un milliard d’années, les célèbres frises temporelles de Stapledon nous mènent, de l’échelle de l’homme à celle du Créateur, à 500 milliards d’années dans le futur. 



Dans son étude "Science-fiction et théologie" Gérard Klein compare la vision cosmique de Stapledon à celle de Teilhard de Chardin, mettant en avant tout ce qui sépare le jésuite catholique d’un penseur influencé par le calvinisme. De telles perspectives, qui questionnent le devenir de l’humanité, posent la question de ce que l’on appelle aujourd’hui le "transhumanisme": dans le dossier, un article de Xavier Noÿ montre cependant ce qui sépare le point de vue de Stapledon de ces perspectives contemporaines. 

Dans ses romans Stapeldon propose d’autres pistes explorées par la science d’aujourd’hui: ingénierie génétique, terraformation, et la fameuse sphère de Dyson, mégastructure hypothétique située autour d’une étoile et conçue pour en capturer l’énergie à des fins industrielles, dont l’inventeur, le mathématicien américano-britannique Freeman Dyson, reconnut qu’il en devait l’idée à Stapledon. 

Un patient et minutieux travail de réappropriation de l’œuvre est en cours: la traduction de Créateur d’étoiles par Simon Ayrinhac a d’abord été publiée en autoédition avant d’être reprise par les éditions Terre de Brume à Dinan; un autre titre, Les Derniers hommes à Londres, est également disponible chez le même éditeur. D’autres suivront on l’espère.

Olaf Stapledon le visionnaire – Revue Galaxies # 90 - 191 pages – 11€ - ***
François Rahier



lundi 23 juin 2025

Histoires de France


C'est tendance dans le polar français contemporain, les retours sur un passé récent, notamment les années 70 qui annonçaient une fin de règne pour la droite au pouvoir depuis plus de vingt ans. Benjamin Dierstein en est à sa deuxième saga historique après une trilogie remarquée sur le personnel politique des années 2000. La proximité avec Ellroy tenait déjà au choix du cadrage à hauteur de flics, là où s'étouffent, s'embrouillent et se défont parfois les histoires de puissants.

"Bleus, Blancs, Rouges" accueille les lecteurs en 1978 dans l'ambiance glaciale des cinglés du renseignement français à qui on impose une "collaboratrice". Jacquie est la filleule de Marcel Lebrun, patron des RG. Et peut-être est-elle plus que sa filleule ce qui la rend détestable aux yeux des machos du service et de son binôme, l'inspecteur Marco Paolini. 



Dans cette traque d'un trafiquant d'armes surnommé Geronimo, un autre flic, Jean-Louis Gourvennec va infiltrer un groupe gauchiste. Au générique, figure également un mercenaire, Robert Vauthier, de retour d'Afrique, continent qui est encore un terrain de jeu où la France se permet la "chasse gardée". Vauthier encanaille le Monarque (Giscard) dans les safaris à l'antilope. 





Pour son travail d'infiltré, Gourvennec est amené à massacrer son foie en compagnie de Pierre Goldman dans des virées sans fin où l'on croise des journalistes de Libé, Maxime Le Forestier et Jean-Paul Dollé. Quant à Marco, pris dans la tourmente terroriste, il rejoint le SAC et ses gros bras qui font le coup de poing contre les grévistes de l'aciérie de Vincennes.

Benjamin Dierstein conduit sa partition sur un  tempo d'enfer et ne se refuse aucune des outrances qui rythmaient les nuits dévergondées du milieu homosexuel d'avant le Sida. C'est parfois du brutal mais c'est documenté comme un rapport des RG et c'est bien la somme de ces histoires qui nous ramène au récit majuscule, ou à une "certaine idée de la France".

Bleus, Blancs, Rouges – Benjamin Dierstein – Flammarion – 794 pages – 24,50€ - ****  
Lionel Germain



mercredi 18 juin 2025

Fuck la vie!


Ricky Gervais a ses fans, comique anglais encensé dans le monde entier, stand-upper connu pour son cynisme et son humour noir. Il est également scénariste, acteur et réalisateur auquel on doit la série culte "The Office", ainsi que "Extras" ou "Derek". Son obsession: représenter et dénoncer l’absurdité du monde.
 
Tony (Ricky Gervais) vient de perdre sa femme, grand amour de sa vie depuis vingt-cinq ans, emportée par un cancer. Totalement perdu et dépressif, il a dans l’idée de mettre fin à ses jours, mais que deviendrait Brandy, son chien fidèle? Journaliste à la "Tambury Gazette" dirigée par son beau-frère Matt (Tom Basden)- journal de cette petite ville où il vit - entre ses collègues apathiques et les citoyens "extraordinaires" qu’il interviewe, plus "freaks" les uns que les autres, témoins de la bêtise ambiante, Tony va faire de son deuil un summum de misanthropie. 

Il décide de changer complètement de comportement et magnifie sa peine par une succession de sarcasmes et de vannes caustiques qu’il décoche à ceux qui le croisent, des proches ou des inconnus. Après avoir semé la pagaille autour de lui et admis les conséquences de ses actes, il commence à aller mieux, grâce à de nouvelles rencontres (une prostituée touchante, "Roxy", (Roisin Conaty) - une nouvelle collègue de bureau, Sandy, (Mandeep Dhillon) - un ami à la fois livreur de journaux et dealer, Julian, (Tim Plester) - une veuve agée réconfortante, Anne, (Penelope Wilton) – et Emma, (Ashley Jensen), l’infirmière qui s’occupe de son père malade. 

D’odieux, il va redevenir peu à peu le brave type qu’il avait toujours été. Malgré l’humour noir du personnage – souvent aussi savoureux que détestable, à la manière british – "After Life" reste imprégnée du deuil et de beaucoup de mélancolie. 

A cette étape de l’histoire, le récit se fait moins drôle et Ricky Gervais, abandonnant sa verve corrosive et misanthrope, donne le sentiment de tomber dans les mécanismes du "feel good" movie. Pour Tony, la voie de la guérison demeure encore longue et confuse. C’est ce qui devrait inspirer la Saison 2.

After Life (saison 1, 6 épisodes) - Netflix ***

Créée et réalisée par Ricky Gervais

Avec : Ricky Gervais, Tom Basden, Tony Way, Diane Morgan, Mandeep Dhillon, Ashley Jensen, David Bradley, Penelope Wilton, Roisin Conaty, Paul Kaye, Tommy FinneganLiens Youtube
Alain Barnoud






mardi 17 juin 2025

De mémoire d'éléphant...


Nous sommes à la fin du XXIe siècle, les éléphants sauvages d’Afrique ont disparu; avec eux les castors, le cheval d’Amérique du Nord, l’ours, le paresseux... Les grandes extinctions réduisent gravement la biodiversité. Des chercheurs russes ont pourtant réussi à cloner des mammouths avec de l’ADN issu du permafrost. 

Et là-bas, dans l’immense taïga, ils vaquent librement, reconstituant une espèce à part entière; peut-être même rétabliront-ils un écosystème disparu. C’est l’objectif. Mais pour financer cette entreprise prométhéenne, quitus est donné pour une chasse à l’ancienne à de puissants oligarques, prêts à verser des sommes colossales pour les mythiques défenses enroulées en spirale de ces pachydermes. 



C’est ici qu’intervient Damira Khismatullina, éthologue de renommée mondiale, spécialiste du comportement des éléphants, morte dans un affrontement violent avec des trafiquants d’ivoire en Afrique bien des années auparavant. Sa mémoire, numérisée avant son décès, est implantée dans le cerveau d’une matriarche mammouth susceptible de guider ses congénères, animaux quasiment créés de toutes pièces, privés de l’expérience des générations antérieures et livrés aux prédateurs. 



Comme "L’Enfant d’éléphant" du conte initiatique de Rudyard Kipling, cité en boucle dans le roman, ces éléphants tout neufs, animés d’une insatiable curiosité, vont apprendre à cogner – et ils ne vont pas s’en priver. Le canadien Ray Nayler, chercheur spécialisé dans l’observation océanique et atmosphérique, nous avait montré ses capacités d’empathie avec des intelligences extrahumaines dans La Montagne dans la mer

Ici, ce ne sont pas des poulpes dont on déchiffre le langage. C’est avec Damira, conduisant le troupeau de ses congénères, que l’on pense: "Il n’y aura plus que la neige, le mouvement éternel du groupe, la chaleur des vibrations de ses compagnons dans la terre qui se propage à travers ses os. Et elle ne sera plus qu’avec eux, et nulle part ailleurs. Ils la reconnaîtront, et elle les connaîtra".

Défense d’extinction – Ray Nayler – Traduit de l’américain par l’Épaule d’Orion – Une heure lumière/Le Bélial’ - 152 pages – 12,90€ - ***
François Rahier



Auteurs

ADG Abbott Jeff Abbott Megan Abeille Jacques Abel Barbara Abraham Daniel Abtey Benoît Adam Olivier Adamson Gil Aden Thomas Adler-Olsen Jussi Adàm Anne Agacinski Sylviane Agrech David Agualusa José Eduardo Aguinaldo Silva Aichner Bernhard Ajvaz Michal Akhtar Ayad Akkouche Mouloud Alaux Jean-Pierre Alauzet Philippe Alden Rebecka Aldiss Brian Alexandre Laurent Alger Cristina Allyn Doug Alsterdal Tove Amand Patrick Ambrose David Ames Jonathan Amila Jean Amoz Claude Anderson James Anderson Kevin J. Anderson Poul Andrevon Jean-Pierre Andriat Frank Anger Kenneth Angevin David Ani Friedrich Annas Max Antoine Amélie Appers Alexandra Arbol Victor del Argemi Raùl Arion George Aristégui Marie-Claude Arlidge M.J. Arnaud G.J. Arnott Jake Arnould Jacques Arriaga Guillermo Arthur G.D. Asimov Isaac Aspe Pieter Astier Ingrid Atkins Ace Attia Maurice Aubarbier Jean-Luc Aubenque Alexis Aubert Brigitte Audic Morgan Audrain Ashley Audru Guillaume Augusto Edyr Aurousseau Nan Autet Katerina Authier Christian Axat Federico Ayerdhal Ayres Jedidiah Aziza Claude Bablon Jacques Bacigalupi Paolo Bailey Anna Bakkeid Heine Bal Olivier Ball Toby Balland Philippe Banks Iain M. Banks Russell Bannalec Jean-Luc Bannel Cédric Banville John Baoshu Barbato Paola Barbet Pierre Barclay Linwood Barde-Cabuçon Olivier Barjavel Barker Clive Baronian Jean-Baptiste Barr Nevada Barrière Michèle Barski Odile Bartelt Franz Bartoll Jean-Claude Barton Fiona Bassoff Jon Bathelot Lilian Baudin Cécile Baudou Jacques Bauer Belinda Bauwen Patrick Baxter Stephen Bayer William Beams Clare Beaufoy Simon Beaulieu Bradley P. Bec Raoul Behm Marc Beinhart Larry Bell David Bell Sarah Bellagamba Ugo Benamran Bruce Benedetti Caroline de Benotman Abdel Hafed Benson Robert Hugh Benson Stéphanie Berg Alex Bergal Gilles Bergams Stefan Bergeron Patrick Bergler Igor Bergounioux Pierre Berney Lou Berry Flynn Berry Steve Beuglet Nicolas Beukes Lauren Beutin Philippe Beverly Bill Beydoun Zaki Bialot Joseph Bilal Parker Bill Frank Bindner Christian Birkefeld Richard Bisson Terry Bizien Jean-Luc Bjork Samuel Black Benjamin Blackwood Algernon Blake James Carlos Blanc William Blanchard Christian Blanche Francis Blau Sarah Blish James Bloch Robert Block Lawrence Bofane In Koli Jean Bohler Sébastien Boireau Jacques Boissel Xavier Bollen Christopher Bonini Carlo Bonnot Xavier-Marie Bonte Benoît Boone Ezekiel Bordage Pierre Bordy Sarah Bosch Xavier Bosco Jacques-Olivier Bossi Luc Bouchard Nicolas Bouchery Sébastien Bouhier Odile Boujut Michel Boulay Bill Boulle Pierre Bouman Tom Bouquin Jérémy Bourcy Thierry Bourrel Anne Bouysse Franck Box C.J. Boyle William Brackett Leigh Bradbury Jamey Bradbury Ray Braithwaite Oyinkan Brasseur Pierre Bridenne Jean-Jacques Bronnec Thomas Brookmyre Chris Brooks-Dalton Lily Brown Eric Brown Fredric Brown Larry Browne S.G. Bruen Ken Bruet-Ferreol Jean-Denis Brun Thierry Brunet Marion Brussolo Serge Bryndza Robert Brémeault Lucie Buchanan Greg Buchholz Simone Buisson Jean-Christophe Bulteau Gwenaël Burke Alafair Burke James Lee Burke Shannon Burnet Graeme Macrae Burns Amy Jo Bussi Michel Bénita Paul Bérato Paul Cabanac Cécile Cacciatore Giacomo Cahn Debora Cahné Charlotte Caldwell Erskine Caldwell Ian Calestrémé Natacha Calligaro Maxime Calvo David Calvo Stuart Camaille Serge Camilleri Andrea Campagne Jean-Pierre Campbell Bonnie Jo Campbell John W. Camut Jérôme Canal Richard Candlish Louise Canfin Pascal Canigüz Alper Cantaloube Thomas Capron Marie Carayol Cécile Carayon Christian Card Orson Scott Cardère Éric Carey M.R. Cargnelutti Patrick Carlier Christophe Carlotto Massimo Carlsson Christoffer Carrisi Donato Carré Fabrice Carsac Francis Casey Jane Cash Wiley Caspary Vera Castanet Pierre Albert Castells Raymond Castro Joy Catani Vittorio Cavanaugh Tony Cayre Hannelore Cazaubon Bernard Celestin Ray Cerutti Fabien Cesare Adam Chabon Michael Chainas Antoine Chakkouche Soufiane Chalumeau Laurent Chamanadjian Guillaume Chamoiseau Patrick Champenois Sabrina Chan-wook Park Chandler H.S. Chandler Raymond Charine Marlène Charyn Jérôme Chattam Maxime Chaumard Isabelle Chaumeil Jean-Paul Chefdeville Chelebourg Christian Cherrière Éric Cherruau Pierre Chesterton G.K. Chevalier Chloé Chevron Michel Chiang Ted Chirovici E.O. Chmielarz Wojciech Chneiweiss Arnaud Chomarat Luc Christie Agatha Christin Pierre Christopher John Chérel Guillaume Civico Alexandre Cixin Liu Claret Alain Clark Marcia Clark Mary Higgins Claude Hervé Clavel Fabien Clerima Steven Cleveland Karen Cloche Émeric Coatmeur Jean-François Coben Harlan Cocco Giovanni Coffre Christophe Cohen Sandrine Cohen-Scali Sarah Cole Martina Coleman Reed Farrel Colin-Olivier Philippe Colize Paul Collectif Collette Sandrine Collins Michael Commère Hervé Compère Daniel Conan Doyle Arthur Conil Philippe Connelly Michael Connolly J.J. Connolly John Conrad Joseph Conrad Patrick Contrucci Jean Cook Diane Cook Robin Cook Thomas H. Copeland Johanna Coppers Toni Coquil Yvon Cordonnier Amélie Corey James S. A. 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Fogel Benjamin Fondation Larry Fontana Giorgio Foote Shelby Ford Ford Madox Forma Dominique Fortel Ava Fortin André Fouassier Éric Fournié Isabelle Fox Susi Franck Dan Franck Ty François Simon Frazier Jean Kyoung Freeling Nicolas Freeman Castle French Nicci French Tana Freu Julien Fructus Nicolas Frégni René Frémion Yves Fuller William Férey Caryl Férey Emma Féval Paul Gagnol Alain Gailey Samuel W. Gaillard Noé Gain Patrice Galhos Diniz Galien Alexandre Galina Maria Gamboa Santiago Gangemi Mimmo Gapdy J.C. 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Milian Clément Millar Martin Millar Sam Miller Jax Miller Sylvie Miloszewski Zygmunt Minato Kanae Minchin Tim Minier Bernard Minville Benoît Mishani Dror Mizio Francis Miéville China Moatti Michel Mody Molfino Miguel Angel Molloy Aimee Monfils Nadine Monnehay Max Monroe J.S. Monsour Jean Montalban Montelius Magnus Moor Jessica Moorcock Michael Moore Viviane Morata Anne-Laure Morgan Janet Morgenroth Kate Morgiève Richard Morgon David Morrieson Ronald Hugh Morris Mary Morris Ronald L. Morris William Mosconi Patrick Mosley Walter Motta Philippe Moya Luis Muir William Mukherjee Abir Mulder Caroline de Mullen Thomas Muratet François Musso Valentin Médéline François Müller Xavier Naam Ramez Naceri Bibi Nahapétian Naïri Najar Audrey Naughton Sarah J. Nayler Ray Nersesian Arthur Nesbo Jo Neubauer Nicole Neuser Marie Neuvel Sylvain Neville Stuart Newitz Annalee Newman T.J. Nghiem Cyril Nguyen Viet Than Nicol Mike Nicolas Christophe Nicot Stéphanie Niel Colin Nikitas Derek Nirvanas Paul Nisbet Jim Nogaro Jean-Louis Nolan Dominic Nolane Richard D. Nore Aslak Norek Olivier Noriega Alfredo Nougué Martine Nouis Lucien Nozière Jean-Paul Nugent Liz Nunn Kem Nutting Alissa O'Callaghan Billy O'Connell Jack O'Malley Thomas O'Neil Louise O'Sullivan Colin Oakes Andy Oates Joyce Carol Offut Chris Ohl Jean-Pierre Okorafor Nnedi Olafsson Jon Ottar Oliva Éric Olsberg Karl Olson Michael Onyebuchi Tochi Oppel Jean-Hugues Osborne J. David Oster Christian Otsiemi Janis Padura Leonardo Pagan Hugues Pagel Michel Paillard Jean-François Pair Stéphane Pajot Stéphane Palahniuk Chuck Palewska Marie Palliser Charles Palou Pedro Angel Paolini Hervé Paris B.A. Parker Robert B. Parks Alan Parot Jean-François Parry Patricia Parulskis Sigitas Parys Magdalena Patsouris David Patterson James Paulin Frédéric Pavicic Jurica Pavloff Franck Pavone Chris Peace David Peake Mervyn Peeters Benoît Pelissier Patrice Pelletier Chantal Pelot Pierre Pendown Léa Peneaud François Pennac Daniel Penny Louise Perkins Rachel Perrignon Judith Perry Anne Perry Karen Persson Giolito Malin Persson Leif GW Petit Bernard Petitmangin Laurent Petoud Wildy Petrella Angelo Petry Ann Pflüger Andreas Philippon Benoît Phillips Gin Phillips Rog Piacentini Elena Picard Mathieu Pickering Robbie Piersanti Gilda Pincio Tommaso Pines Paul Pinpin Jean-Christophe Piquet Emmanuelle Pirandello Pirozzi Gianni Pistone Pascal Plait Philip Plamondon Éric Plantagenet Anne Platini Vincent Platt Sean Ploussard Frédéric Pochoda Ivy Poe Edgar Poldelmengo Luca Polin Isabelle Portail Agathe Portero Alana S. Portes Jean-Christophe Pouchairet Pierre Pouy Jean-Bernard Poznanski Ursula Pratchett Terry Price Richard Priest Christopher Prolongeau Hubert Pronzini Bill Prudon Hervé Przybylski Stéphane Prévost Guillaume Pulixi Piergiorgio Punke Michael Purdy Graham Douglas Pyun Hye-young Pécherot Patrick Pötzsch Oliver Quadruppani Serge Queen Ellery Querbalec Émilie Quercia Boris Queyssi Laurent Quinn Cate Quint Michel Quirk Matthew Rabier Catherine Rademacher Cay Raffy Serge Ragougneau Alexis Rahier François Raizer Sébastien Rambach Anne Randall Marta Rankin Ian Raphaël Claire Rash Ron Ravelo Alexis Ravenne Jacques Ray Jean Raynal Patrick Reardon Bryan Reboussin Didier Rechenmann Guy Redondo Dolores Reig Rafael Renand Antoine Renaude Noëlle Renberg Tore Rendell Ruth Renner James Revivier Anaïs Reydi-Gramond Christophe Reynolds Alastair Reza Yasmina Ribas Rosa Rice Anne Riel Ane Roany Céline de Robecchi Alessandro Robert Gwenaële Robert-Nicoud Elie Robertson Al Robertson Kathleen Robillard Chantal Robin Yvan Robinne Éric Robinson Frank M. Robinson Jeanne Robinson Kim Stanley Robinson Todd Roch Elsa Rodriguez Raphaël Rogneby Jenny Rohrbasser Jean-Marc Rolland Tobby Rollins James Rolon Gabriel Roncaglio Santiago Rose Fabrice Rose Jeneva Rosen Leonard Rosende Mercedes Roslund et Hellström Roslund et Thunberg Ross Jacob Rotella Sebastian Roux Christian Rouz Martin Rowe Michèle Roy Lori Royer Christophe Ruaud André-François Rubenfeld Jed Ruellan André Rufin Jean-Christophe Rumeau Jean-Pierre Runcie James Rutès Sébastien Ryan Erin Kate Ryck Francis Rydahl Thomas Saadawi Ahmed Sabot Antonin Sadler Mark Sadoul Barbara Sagnard Arnaud Saint-Joanis Thierry Sainz de la Maza Aro Sakey Markus Salabert Juana Salamé Barouk Salem Carlos Salinas George Sallis James San-Antonio Sanchez Thomas Sanders Louis Sanderson Brandon Sandlin Lisa Sands Thomas Sansom C.J. Santaki Rachid Sapkowski Andrzej Sard Hervé Sarid Yishaï Sarthor Jacques Saule Tristan Sauvagnac Nathalie Saviano Roberto Scalese Laurent Scerbanenco Giorgio Scheer K.H. Schenkel Andrea Maria Schlesser Gilles Schreiber Joe Schuiten François Schwartzbrod Alexandra Schwartzmann Jacky Schätzing Frank Sciascia Leonardo Scott James Scott Stephanie Sebban Olivier Sebhan Gilles Seethaler Robert Seghers Pierre Sehic Faruk Seigneur Olivier Selek Pinar Sen Ivan Sender Elena Senft Elena Sers Caroline Serviss Garett P. Seskis Tina Setbon Philippe Shahid Hamid Omar Shangdi Taiping Shaw William Sheldon Alice Bradley Sheridan Le Fanu Sheridan Taylor Shinozaki Erico Shoham Liad Shutterberg Anouk Sigurdardottir Lilja Sigurdardottir Yrsa Silverberg Robert Simenon Simon Chris Simonay Bernard Simonin Albert Simsolo Noël Sinisalo Johanna Sisinni Noël Sivan Isabelle Slaughter Karin Sliders Tim Slocombe Romain Smith Dan Smith JP Smith Michael Farris Smith Roger Smith Sarah Elaine Solano Thibaut Sollima Stefano Solomon Rivers Soltész Arpad Somoza José Carlos Soula Denis Soulas Floriane Soulié François-Henry Sounac Frédéric Souvira Jean-Marc Spider Spillane Mickey Spinrad Norman Spitz Jacques Spjut Stefan St Vincent Sarah St Épondyle Antoine St. Germain Justin St. John Mandel Emily Staal Eva Maria Stahl Jerry Stapledon Olaf Starr Jason Steeman Stanislas André Steiner Kurt Steinhauer Olen Sten Viveca Stevens Chevy Steward Ketty Steyer Jean-Sébastien Stich Jean-François Stock Suzanne Stokoe Matthew Stolze Pierre Straub Peter Strömberg Sara Stuart Douglas Styron William Suaudeau Julien Sudbanthad Pitchaya Suhner Laurence Sullivan Randall Sund Eric Axl Svernström Bo Swanson Peter Swierczynski Duane Swindells Robert Sylvain Dominique Szamalek Jakub Szymanski Miguel Szymiczkowa Maryla Sànchez Piñol Albert Séverac Benoît Tabachnik Maud Tackian Niko Tafforeau Jean-Luc Taillandier Denis Takano Kazuaki Tallent Gabriel Tanugi Gilbert Tassel Fabrice Taveau Olivier Taylor Alex Taylor Chris Taïeb Éliane Tchaikovsky Adrian Tchakaloff Gaël Tejpal Tarun J Temple Peter Teodorescu Bogdan Texier Nicolas Thiebault Clémentine Thill Christophe Thilliez Franck Thiéry Danielle Thomas David Thomas Donald Thomas Gilles Thomas Louis C. 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Veilletet Pierre Veloce Viola Verdan Nicolas Verdet Gilles Verkine Édouard Verlanger Julia Verne Jules Vernon Luc Vian Boris Villard Marc Vincent Gilles Vindy Marie Vinson Sigolène Viola Alessio Vitkine Benoît Vix Élisa Védrenne Julien Véron Jacques Wagner Jan Costin Wahlöö Per Wainwright John Waite Urban Waites Martyn Walker Martin Walker Nico Walker Sarai Wallace Christian Wallner Michael Walter Jess Walton Dawnie Walton Jo Wambaugh Joseph Ward Philippe Ware Ruth Watkins Paul Watson S.J. Watts Peter Weber Jean Weisbecker A.C. Welinski Marc Wells H. G. Welsh Louise Westlake Donald Wetmore Elizabeth Whale Laurent Wheeler Jr Frank White Christian Whitehead Colson Whitehouse Lucie Whitmer Benjamin Wieners Annette Wiles Will Wilhelm Kate Wilhelm Marie Willeford Charles Williams Charles Williams Philip Lee Williamson Eric Miles Willmann Thomas Willocks Tim Wilms Anila Wilson Jacqueline Wilson Robert Charles Winkler Mark Winnette Colin Winslow Don Winters Ben H. 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