Loin de son Missouri natal qu’il a quitté sans donner de nouvelles, Jake Adelstein (Ansel Elgort) s’expatrie à 21 ans à Tokyo pour apprendre la langue et l’histoire du pays. Au terme de trois années à étudier dur, il réussit le concours d’entrée comme journaliste du plus grand quotidien japonais à 15 millions d’exemplaires, le "Yomiuri Shimbun".
Dans ce Japon des années 90, commence pour Jake, premier et seul étranger de la rédaction, affecté au service Police-Justice, une plongée dans la vie d’un journal exigeant, dont il faut comprendre le fonctionnement et respecter la hiérarchie et les codes. Pas question sinon d'être accepté par les collègues et surtout par les supérieurs autoritaires, sexistes et racistes.
Son ambition, lui le "gaijin" (nom péjoratif donné aux Blancs), juif de surcroît, le pousse, au-delà du traitement des faits divers quotidiens, à s’intéresser et à découvrir l’univers des yakuzas - la mafia japonaise. Il en devient l'interlocuteur, tout en collaborant avec la police.
Michael Mann "officie" en virtuose pour le premier épisode. Au début, lors d’un rendez-vous, Jake y est menacé de mort (ainsi que ses proches, Américains ou Japonais) par Akira (Tomohisa Yamashita), chef d’un puissant clan yakuza. Le réalisateur nous entraîne alors de façon saisissante dans les vrais bas-fonds de Tokyo, avec une approche quasi-documentaire du Japon criminel des années 90.
En duo avec l’inspecteur Hiroto Katagiri (Ken Watanabe), vieux policier faisant figure de mentor, Jake se convertit en reporter d’investigation criminelle pour couvrir le trafic d’êtres humains lié au monde des yakuzas. Au hasard de sa quête, il va croiser la route et le destin de Samantha Porter (Rachel Keller), escort et animatrice dans un bar à hôtesses, d’Akiro Sato (Shô Kasamatsu), indéchiffrable yakuza déçu par son mode de vie et en conflit interne avec l’organisation, et de Polina (Ella Rumpf), immigrée française au bout de ses illusions.
Un peu romancée et adaptée en 2022 par Michael Mann et J.T. Rogers, "Tokyo Vice" est l’histoire vraie qui porte le nom du journaliste Jake Adelstein, auteur du livre-enquête "Tokyo Vice, un journaliste américain sur le terrain de la police japonaise".
Oscillant à l’occasion entre réel et imaginaire (certains personnages ont été inventés), la série relève de l’enquête journalistique méticuleusement sourcée, révélatrice d’un monde inquiétant de malfrats, de policiers intègres ou corrompus, de journalistes aux ordres qui s’auto-censurent, redoutant le poids des traditions et envahis par la peur permanente de remettre en question d’immuables usages séculaires. Au Japon, il y a une règle d’or: il n’existe pas de meurtres.
Tokyo Vice – 2 saison, 18 épisodes – Canal+ - ****
Créée par J.T. Rogers et Michael Mann
Réalisée par Michael Mann, Josef Wladyka, Hikari, Adam Stein, Alan Poul
Avec Ansel Elgort, Ken Watanabe, Rachel Keller, Shô Kasamatsu, Ella Rumpf, Tomohisa Yamashita, Rinko Kikuchi, Shun Sugata, Takaki Uda, Kosuke Tanaka
Alain Barnoud