Certains romans tiennent par la grâce d'une apparition fugitive, comme cette silhouette séduisante qu'on aperçoit faire l'ouverture d'un magasin dans lequel on ne mettra jamais les pieds. Pour Olivier Adam, elle s'appelle Fanny. Et quand elle arrive dans la salle du Café des Sports d'un petit village près du lac d'Annecy, toutes les têtes se tournent, tous les cœurs accélèrent.
Elle a une beauté qu'on ne peut pas réduire aux canons de la mode, un magnétisme plutôt qui la rend irrésistible. Olivier Adam en fait l'héroïne éphémère d'un admirable roman choral où les personnages nous livrent de l'intérieur le questionnement qui les assaille après la mort de Fanny. Parce que Fanny, si belle, si désirable, a été assassinée un peu après la page 40. Parce qu'il va falloir près de 300 pages pour comprendre les enjeux du drame et les secrets d'une communauté où chacun a un œil sur l'autre.
Fratrie déchirée, amants déçus, police locale impuissante et impliquée dans un réseau relationnel qui interdit une enquête sereine. "Il ne se passe jamais rien ici" et pourtant la tribu offerte en pâture au lecteur est un beau pactole romanesque. Le croisement des regards, les fausses pistes, et puis surtout, Fanny.
Il ne se passe jamais rien ici - Olivier Adam – Flammarion – 361 pages – 22€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain