Disparu cet été à 93 ans, Philippe Curval était un petit peu la mémoire de la SF française: ne côtoyait-il pas Boris Vian à l’exposition "Présence du futur" en 1953? Avec Klein, Goimard et quelques autres, il avait participé à l’aventure des revues "Fiction" et "Satellite", qui renouvelèrent le genre après la guerre. À mi-chemin de la satire et du cauchemar, entre insolite et anticipation, ses romans ("Cette chère humanité", "Lothar Blues"), ses nouvelles ("On est bien seul dans l’univers"), n’ont cessé de dénoncer les pouvoirs politiques et religieux qui piègent le réel.
Affirmant les droits de l’être humain sur sa sexualité, ce domaine réservé de l’intimité sur lequel veulent faire pression tous les totalitarismes, son œuvre dessinait les contours d’une utopie libertaire dont témoignait en particulier, récemment, "Le paquebot immobile". Conçu lors d’un séjour à l’hôpital, son tout dernier roman brosse le portrait d’une héroïne avant-gardiste et libre, une "extra-fiction" réinventant l’histoire familiale des Tronche. Curval était né Philippe Tronche, à Paris, le 27 décembre 1929.
Tronche-Rosépine - Philippe Curval - La Volte - 224 pages - 18,50 €
François Rahier
François Rahier