Fêtons la trentième de Brunetti. Le commissaire vénitien de la très américaine Donna Leon accompagne ses lecteurs dans une vision de plus en plus désabusée de la lagune et de son avenir en passe de sombrer en mer.
Dans ce dernier épisode, deux étudiantes américaines sont débarquées en catastrophe dans un sale état aux urgences. Et Brunetti est persuadé que les hommes qui les ont abandonnées devant l'hôpital ne sont pas de gentils gondoliers. Devenu flemmard et routinier, le commissaire a gardé son côté accrocheur et malgré les barrières de classe entre Laura, capitaine des carabiniers, et les Vénitiens de souche, ils vont former une équipe efficace pour traquer les escrocs dont les bateaux se remplissent la nuit de touristes clandestins.
Brunetti observe avec amertume l'effondrement de Venise pendant que les comités internationaux se bousculent pour sa survie dans les cinq étoiles. Sa façon d'affronter l'outrecuidance des puissants en jouant les "Colombo", servile et soumis, son rapport à cette violence qui lui fait horreur en font un personnage unique et attachant.
Les Masques éphémères – Donna Leon – Traduit de l'américain par Gabriella Zimmermann – Calmann-Lévy – 342 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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