Le roman de Sandrine Cohen pourrait s'apparenter au roman judiciaire s'il n'avait ce prologue terrifiant: comment Rosine, jeune femme au premier abord très épanouie, a-t-elle pu noyer ses deux filles en leur donnant le bain? Judiciaire par le procédé de mise-en-scène où une enquêtrice auprès des tribunaux officie, c'est le personnage même de cette enquêtrice, Clélia, qui nous plonge dans un roman noir. Pour débusquer les ressorts de ce crime monstrueux, il lui faut d'abord affronter l'hostilité du monde carcéral avant de tenter une approche de la face obscure de Rosine.
C'est banal de dire que l'horreur est dans l'acte et qu'une contrainte à élucider dépouille parfois les hommes et les femmes de leur humanité. Mais c'est justement cette part du mystère que Sandrine Cohen arrache peu à peu à sa coupable, à "cette mort psychique" d'une femme qui avait vécu elle-même l'impensable.
Rosine, une criminelle ordinaire – Sandrine Cohen – J'ai Lu – 288 pages – 7,60€ - ***
Lionel Germain