On a l'a encore vu récemment, l'Education nationale peine à trouver des candidats. Pas sûr d'ailleurs qu'une prime de 800€ suffise à regarnir les rangs du primaire. Et du côté des scientifiques, c'est carrément la Bérézina.
Prenez Jean-Claude Bauduer, le héros et narrateur du dernier roman de François Darnaudet. Doyen des profs de maths à Bastiani, un collège difficile à trouver entre Audenge et Andernos, il est le produit archétypal du mystère de l'orientation: ingénieur, docteur en mécanique, et surtout incapable d'expliquer à ses élèves quelle punition divine l'a condamné au mitan scolaire. Sa rencontre avec une centralienne agrégée de mathématiques l'oblige à une question préalable: comment elle aussi peut-elle faire "ce métier de merde, mal payé, mal considéré?"
Reste un horizon au-delà de la forêt des Landes, le problème du millénaire des nombres premiers dont la résolution permettrait de casser les codes bancaires. Les mafias du monde entier sont sur le coup et quelques mathématiciens imprudents en sont morts. Malgré la vigilance du gendarme Patsouris de Saint-Émilion, les deux collègues ont donc assez rapidement des méchants à leurs trousses. Voilà un polar très visuel dont la légèreté n'exclut pas l'érudition, ni le sourire parfois rageur, l'hommage à Boris Darnaudet, récemment disparu.
L'homme qui valait des milliards – François Darnaudet – Wartberg – 178 pages – 11,90€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 8 mai 2016