D’origines mêlées, le Pérou, la Bretagne, l’auteur, après un long séjour à Mayotte, est revenu sur le bassin d’Arcachon. Titulaire d’un doctorat en biologie marine, il y avait fait ses premières armes comme enseignant à Gujan-Mestras, aux tous débuts du Lycée de la mer. Ses horizons pluriels, et l’influence revendiquée de Vargas Llosa, pour son "fatalisme non désespérant", dit-il, ou d’Alejo Carpentier "pour la poésie des mots", l’ont amené à une "fantasy" différente, sans dragons ni elfes: un horizon de plaines infinies, un monde davantage postindustriel que médiéval fantastique, une vision douce des choses tempérée par l’intuition que le mal est tapi en nous quelque part, et qu’il faut l’apprivoiser.
Alors que s’institutionnalise une république aux élans naguère prometteurs, un petit groupe d’hommes et de femmes s’en éloigne pour former, dans une nature généreuse et accueillante, un collectif utopiste, libertaire. Éos, un tout jeune homme, y fait l’apprentissage de la vie, de l’amour, et très vite, de la mort. Déchu de ses espérances, il finira par découvrir l’altérité dans la différence, peut-être d’abord en faisant face à ses propres démons.
L’écriture, poétique, sensuelle, qui s’offre parfois la coquetterie de tournures baroques, mais le plus souvent directe, très vive, ne doit rien aux maîtres d’un genre qui alignèrent souvent leur style et leurs tics sur celui d’auteurs vieux d’il y a plus d’un siècle. Un tournant pour la fantasy?
Eos - G. D. Arthur – Mnémos – 313 pages – 20€ - *****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 8 mai 2016