La
meilleure façon de frissonner, c'est de mettre une page de Fitzek devant
l'autre et de recommencer. Oubliez les ambitions critiques du roman noir, ici
c'est la trop humaine inconstance de l'âme qu'on interroge. Le cauchemar
littéraire exige un décor sur mesure. Par exemple, une clinique psychiatrique
au sommet d'une colline artificielle érigée au lendemain de la guerre avec les
gravats des bombardements. Même ce quartier bien réel de Berlin se transforme
sous la plume de Fitzek en réminiscence de film expressionniste.
Au
présent, un professeur explique à deux étudiants volontaires le cadre d'une
expérience qui leur impose de lire le dossier médical d'un patient. Cette lecture nous renvoie quelques
années plus tôt dans cette clinique isolée du reste du monde par une tempête de
neige. Caspar, le patient amnésique, se méfie de son psychiatre mais une menace
plus grave surgit au cœur de la nuit. Débarqué d'une ambulance accidentée,
voilà peut-être Le Briseur d'Âmes, un psychopathe dont le programme consiste à
réduire les gens à l'état de légume sans blessure physique apparente. Mais qui
est Caspar? Et à quoi rime cette expérience?
Le
prince allemand du train fantôme travaille le temps comme une pâte, jouant avec
l'élasticité des peurs et la contraction brutale qu'elle inflige à nos nerfs. Un
beau tour de manège.
Le briseur d'âmes –
Sebastian Fitzek – Traduit de l'allemand par Penny Lewis – Livre de poche – 310
pages – 6,90€ -
Lionel
Germain
Roman
sélectionné pour le prix polar Lire en poche-Gradignan-Sud-Ouest 2013.
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