Vertige
californien. Joe Gores et Ace Atkins jouent les
doublures de Hammett et de son détective, Sam Spade.
Joe
Gores avait scénarisé Hammett et c'est Sam Spade qu'il ressuscite dans ce qui
aurait pu être sa première aventure. Comme le précise le titre, Spade n'était
pas tout seul avant l'affaire du Faucon de Malte où il apparaît pour la
première et la dernière fois dans un roman. Joe Gores s'intéresse donc aux
relations compliquées entre Miles Archer et Sam Spade. Leur association est
conflictuelle parce que la femme de Miles en pince pour Sam. Miles est un
opportuniste dont l'assassinat n'est pas sans rapport avec son sens du double
jeu. On ne le regrette pas. Les puristes diront que si Hammett en avait fait
l'ellipse, Joe Gores n'avait pas grand chose à ajouter. Les creux et les
manques d'un récit sont destinés à solliciter le désir du texte. Puriste ou
pas, on doit reconnaître à Joe Gores une grande connaissance de l'univers
hammettien et son roman n'est pas une profanation ni même un hommage, plutôt
une reconstruction troublante qui se lit avec plaisir.
Mais
c'est finalement Ace Atkins qui emporte la mise en reprenant Hammett comme
personnage d'une de ses dernières enquêtes pour Pinkerton. En 1921, alors que
la Prohibition provoque toutes les dérives, on assiste au lynchage médiatique
de l'acteur Roscoe Arbuckle accusé de la mort d'une jeune actrice au cours
d'une fête où l'alcool coulait à flots. On ignore le rôle exact qu'aurait joué
Hammett dans cette affaire et c'est tout le talent de l'écrivain de réinventer
le réel, l'atmosphère et la fureur du San Francisco des années vingt.
Spade & Archer – Joe
Gores – Rivages – 300 pages – 21,50 euros - **
Le jardin du diable – Ace
Atkins – Le Masque – 461 pages – 21,50 euros - ***
Lionel Germain