Avocate
pénaliste, Hannelore Cayre dépeint sans complaisance les coulisses des prétoires.
Si
Hannelore Cayre l'a baptisée "fable judiciaire", c'est sans doute que
sa dernière histoire contient une morale, ou qu'elle flirte avec ces animaux
merveilleux qui parlent comme des hommes mais ne sont en apparence que des
renards et des crapauds. Ou encore que le roman se prêtait mal à cette
mise-en-scène un peu forcée dans un haut lieu de la mythologie gaulliste,
Colombey-les-deux-églises, pour faire se courtiser le monde de la justice et
celui du cinéma.
Dans
cette cour d'assises de Haute-Marne dont le président est surnommé le boucher
va se jouer une véritable pièce de théâtre. L'accusé est un jeune homme
charmant, braqueur d'une douzaine de banques à ses moments perdus. Son avocat
en fin de carrière n'aspire qu'à une retraite loin des palais de justice. Par
chance pour cet avocat, un comédien lui aussi périmé mais recyclé par sa femme
dans la présidence des festivals d'arrière-province, va profiter de l'Article
275 et devenir "à titre exceptionnel" le conseil du jeune délinquant.
L'occasion d'un dernier feu d'artifice théâtral pour la légende du petit écran.
Comme au cinéma, la justice est une illusion bavarde et un rituel de
faux-semblants.
Une
fable bien-sûr, dans laquelle l'auteur donne quelques coups de griffes.
Notamment à la braderie communicante, là où rien ne circule mieux dans le vide
abyssal des réseaux que la pensée rabotée par le gazouillis luminescent des
tweets et le vertige des "lol".
Comme au cinéma – Hannelore
Cayre – Métailié – 220 pages – 17€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche - 16 décembre 2012
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