Les "vols de la mort" font partie du cérémonial macabre utilisé par les bourreaux pour se débarrasser de leurs victimes depuis la carlingue d'un skyvan au-dessus du Rio de la Plata. Mais que sait-on des hommes relâchés après la torture et qu'on retrouve errant dans les rues de Buenos-Aires? Ceux qui sortaient vivants des "jardins d'hiver", comme avait été rebaptisée une salle d'un centre de détention, avaient plusieurs fonctions.
La première servait d'avertissement aux candidats à la résistance, la seconde plus terrifiante encore les désignait comme traitres. Pour Michel Moatti, cette interrogation vaut aussi pour son narrateur. "Les dictatures ne fabriquent pas de héros. (…) Elles ne fabriquent que des traitres et des morts dont on trahira le souvenir."