Charly est de retour. Le Charly de "Cognac Blues", tueur à fleur de peau, une humeur de tambour qui pulse en voix-off sur un coulis d'estuaire. Royan, au premier jour du livre, se fige dans le souvenir lifté du mythe californien, le "Paradise City" des derniers Chase, un trou perdu qui sent la naphtaline et les enveloppes de gros billets glissés sous la table des conseils municipaux. Une ville où le maire enchaîne les mandats, où un appel d'offres pour un complexe immobilier attire les promoteurs et les intermédiaires.
Charly le dingue rempile au service de Véroncle, le maître du racket. Avec lui, on taxe et on brise les doigts des mauvais payeurs. Charly est un faux taiseux dont la voix intérieure est un lamento de tragédie grecque. Seul, privé de sa petite fille, et amoureux des vagues sur lesquelles il glisse avec sa planche, le tueur est plein d'une colère froide contre lui-même, hanté par la cohorte de ses victimes. Véroncle le manipule pour qu'il espionne une femme fatale belle et dépravée.
On meurt beaucoup autour de lui. C'est la constante macabre d'un genre auquel David Patsouris n'emprunte que la trame pour délivrer son "flow" obsédant. Anaphores et phrases nominales essorent l'intrigue et au bout du "conte" abandonnent Charly le Dingue au creux de la vague, comme une silhouette sur fond de soleil couchant.
Ainsi débute la chasse – David Patsouris – Rouergue noir – 184 pages – 17,80€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 9 juillet 2017