L'Afrique se déchire dans des conflits où s'affrontent les appétits de pouvoir des seigneurs de la guerre. Jusqu'à présent, on prêtait davantage ces travers à l'Afrique francophone, héritière d'un colonialisme sans nuance auquel on imputait toutes les tares des nouveaux régimes. L'Angleterre par contre était souvent prise en exemple pour la façon dont elle avait su faire partager ses valeurs humanitaires et démocratiques aux élites de ses anciens dominions.
Dès 1995, Pierre Cherruau nous livre quelques clés sur les népotismes locaux et remet les pendules à l'heure en nous proposant un tableau du Nigeria miné par la corruption et les trafics en tous genres. Mais ce roman noir est tout sauf un pamphlet. Il vise juste parce que le héros n'en est pas un. Simplement un coopérant englué dans les mêmes combines que les petits blancs qui survivent au-dessus de leurs moyens en cohabitant avec la misère du tiers-monde.
Amoureux d'une Noire qu'on retrouve assassinée, un dernier sursaut l'empêche d'oublier l'épisode dans les bras d'une autre femme. Au ras des cases et des poussières du Plateau de Jos, il cherche alors une vérité moins locale qu'il n'y parait. En amour aussi, semble-t-il, il faut savoir choisir sa couleur.
Nena Rastaquouère – Pierre Cherruau – Baleine – 8€ (librairies en ligne)
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche