On peut évoquer Edward Bunker ou le roman d'Enrique Medina, "Les Tombes" (L'Atalante) mais Tim Willocks a une façon très singulière de nous enfermer avec ses monstres. Green River, apocalypse pénitentiaire programmée par un directeur fou est d'abord sorti en 1995 chez Plon sous le titre "L'odeur de la haine" avant cette réédition chez Sonatine. C'est un huis-clos dévastateur rendu encore plus effrayant par l'inquiétante réalité que l'auteur insuffle à ses personnages.
Si Green River était une plongée hallucinante dans l'univers carcéral, le premier roman de Willocks délivrait déjà un scénario d'une grande violence dans lequel évoluaient une ancienne prostituée entre deux frères pétris de haine l'un pour l'autre, et un flic hors norme et manipulateur, hommage évident à Orson Welles. A mille lieues des tics hollywoodiens de Barry Gifford, la noirceur que nous renvoie Willocks est enracinée dans la genèse des hommes. Banal? Alors, écoutez la musique, et vous changerez d'avis.
Green River – Tim Willocks – Traduit de l'anglais par Pierre Grandjouan – Pocket – 480 pages – 7,70€ - ***
Bad City blues – Tim Willocks – Traduit de l'anglais par Elizabeth Peellaert – Points Seuil – 298 pages – 7,30€ - ***
Lionel Germain – D'après des articles parus dans Sud-Ouest-dimanche en 1995 et 1999