"41", c'est un numéro de calibre. Mais au Mexique, comme
le révèle le traducteur, ce nombre est aussi associé de façon péjorative, à la répression d'une soirée dansante réservée aux
homosexuels, soirée à laquelle participait le gendre du président Porfirio Diaz
en 1901. A l'issue de cette affaire, 41 personnes furent condamnées aux travaux
forcés.
Tiré d'un fait divers, le
roman de Guedea prouve que la morale officielle n'a guère progressé depuis un
siècle. Tolérance légale oblige, les homosexuels ne sont plus des criminels,
mais le crime les frappe toujours autant et les politiciens font de la
résistance.
Les
procès-verbaux indigestes constituent le contrepoint objectif au récit parfois
délirant d'un gamin surnommé "le Japonais", entraîné dans une spirale
décadente par des adultes pervers. L'homosexualité est une chose, la
prostitution contrainte des enfants de la rue en est une autre. La corruption
et la dissolution des mœurs de certaines élites mexicaines favorisent
l'amalgame dont se satisfont les pouvoirs répressifs, enclins à chercher des
bouc-émissaires. Terriblement pessimiste.
41 – Rogelio Guedea –
Traduit de l'espagnol par Florence Olivier - Ombres noires – 224 pages – 18,90€
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Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 17 février
2013