On le pratique encore dans les fêtes foraines ou les kermesses politiques. Le mot est fort pour désigner une activité somme toute assez puérile qui consiste à éliminer avec une balle la figurine de l'ennemi du jour: maire, député, patron de l'entreprise ou président de la République. La vie en société nous impose des cohabitations parfois difficiles et ces assassinats symboliques sont des exutoires indispensables à la bonne santé mentale des peuples. Avec l'avènement des jeux vidéos, le même vocabulaire a longtemps laissé croire qu'en changeant de forme l'exutoire n'avait pas changé de nature. Erreur funeste.
Quelques adolescents arrimés aux manettes d'un jeu de massacre miment les tragédies du passé, Guerre d'Espagne ou période de l'occupation. A travers cette sarabande de pixels, la fascination pour la violence consume les joueurs. Et même si ce n'était qu'un jeu, a-t-on le droit de tout faire? Les termes de "réalité virtuelle" nous entraînent dans l'oxymore des folies douces où le coupable est innocent des crimes qu'il ne commet qu'en rêve. Trois romans pour explorer les hallucinations contemporaines.
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Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 17 février
2013