Un grand port du sud Amérique, Montevideo peut-être, un mal étrange porté par un vent de miasmes soufflant depuis la mer… La population fuit en masse vers l’intérieur des terres pour échapper à la pandémie, au confinement, à l’état de siège. Restée pour veiller sur sa mère âgée, et son ex-mari, malade et hospitalisé, la narratrice s’occupe aussi d’un enfant dont elle a la garde et qui est atteint du syndrome de Prader-Willi, une addiction alimentaire nécessitant une surveillance constante.
L’enfant obèse, métaphore des fléaux qui accablent nos sociétés boulimiques, finira par devenir le seul lien, désespéré, de la narratrice, quand les siens l’auront abandonnée, avec un monde dont l’horizon est la pâte rosâtre industrielle avec laquelle le gouvernement nourrit son peuple – écho probable au "soleil vert" de Richard Fleischer. Née en Uruguay, Fernanda Trías vit en Colombie où elle enseigne la création littéraire à l’Université de Bogota. Emblématique du renouveau de la littérature latino-américaine, son œuvre a été souvent récompensée dans son pays.
Crasse rose - Fernanda Trías - Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Nathalie Serny - Actes sud - 264 pages - 23€ - ***
François Rahier
François Rahier
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