De l'histoire espagnole contemporaine, les jeunes générations n'ont sans doute en mémoire que la période apaisée du post-franquisme. "Il n'existe pas qu'un seul passé; même pour soi-même", nous dit Victor Del Arbol dans ce magnifique roman où l'histoire du pays est revisitée à travers le parcours tourmenté de Diego, "fils du père", écrasé par le poids de cette filiation.
On le découvre grâce aux notes retrouvées après l'incendie d'une unité d'évaluation et de soins psychiatriques. Tout a disparu lors de cet événement sauf quelques feuillets en forme de confession dans laquelle Diego, universitaire pourtant comblé, reconnaît être l'assassin d'un homme qu'il a torturé pendant trois jours et trois nuits avant de l'achever de deux balles dans la tête.
Toute puissance paternelle, inceste, viol, barbarie de la Division Azul sur le front russe, pour déchiffrer l'avènement d'un cauchemar à la fois politique et singulier, Victor Del Arbol sonde les cœurs désaccordés après l'irruption de la guerre civile et le déchirement des familles. Somptueux.
Lionel Germain
Lire aussi dans Sud-Ouest
version papier