Pascal Dessaint vit à Toulouse mais il est resté fidèle à cette région du Nord qui l’a vu naître. Il lui rendait hommage dans "Le chemin s'arrêtera là". Un mélange de fascination pour la beauté de ses paysages et de colère pour le saccage auquel les hommes la condamnent.
Dans son dernier roman, Anatole y est un personnage de chasseur hypothétique. Il a épuisé ses rêves d’hécatombe en les réduisant à des figurines d’oiseaux sculptés dans le bois. Son territoire est composé d’un mobile home, d’une cabane à frites désossée et d’une belle caravane. Ça diffuse une mélodie douce-amère esquissée sur les accords mineurs d’un jazz manouche. Le vieil Anatole s’accorde au vagabond Loïk en escale dans la cabane à frites qu’il a retapée.
La narratrice, Lucille, institutrice dévouée aux hommes échoués sur ce rivage du nord, donne le tempo de cette petite musique de nuit. Préoccupée par les naufragés de l’exil, elle est la troisième locataire de ce hameau fragmenté par la menace d’un autre monde, ordonné, besogneux et sous surveillance.
C'est dans ce décor que Pascal Dessaint ravaude les destins tragiques de son trio. Les hiboux nichent à proximité des dunes, l’amitié d’un flic n’est pas une promesse de bonheur, et surtout, comme les derniers oiseaux du littoral, les rêves de liberté ont pris du plomb dans l’aile.
L'horizon qui nous manque – Pascal Dessaint – Rivages – 220 pages - 19€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 1er décembre 2019Lire aussi dans Sud-Ouest