Mystère d'une voix prisonnière de la petite boîte et qui pourtant suggère une évasion hors des représentations de l'image, fantasmes provoqués par les chuchotements suaves à l'heure bleue quand l'auditeur bascule entre deux mondes, la radio interroge cette part de l'ombre qui fascine aussi les écrivains. De l'autre côté de la ligne, un type perd les pédales et rétablit la donne en ajoutant son absence à l'autre. La peur naît de cette rencontre entre la voix du fantasme ordinaire et celle du psychopathe qui utilise le téléphone pour torturer sa victime. Radio Panique de Stuart Kaminski (Série noire) jouait sur ce registre et avec "La Mort sur les ondes" de Jack O'Connell, les éditions Rivages proposent une nouvelle version d'un thriller de 1994 sur l'univers de la radio.
Un fou du F.B.I. a juré de démasquer pour les faire périr par le feu les groupuscules anarchistes qui piratent régulièrement les stations officielles. Le flic fou cauchemarde sur l'absence de sa femme à laquelle il écrit de longues lettres qu'elle ne lira jamais. L'absence d'ailleurs est au centre de ce roman dont l'héroïne, l'inspecteur Hannah Shaw, semble une créature de Lenore, l'héroïne d'un roman précédent de O'Connell, "B.P.9".
Lenore, flic également à la brigade des stups, a disparu et Hannah se projette en elle à travers le journal qui lui parvient par bribes. Mise en abîme et jeux de miroir aux reflets trompeurs, voilà un roman passionnant sur la liberté d'expression et la quête identitaire.
Ondes de choc – Jack O'Connell – traduit de l'américain par Gérard de Chergé – Rivages noir – 528 pages – 10,70€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – Juin 1994 et 17 novembre 2019Lire aussi dans Sud-Ouest