Ça n'a pas grand rapport avec "Ma ZAD" mais l'anticyclone des Açores est une calamité pour les chasseurs d'ouragans européens parce qu'il "nous condamne à une météo petit bras, petite bourgeoise, pusillanime en diable." Confidence au comptoir de Bixente, un demi Basque propriétaire d'une conserverie dans le Finistère. Avec Jean-Bernard Pouy, difficile d'échapper à l'escale sur le zinc.
Ses personnages sont souvent des "zéros" de roman. Des figures de stylo ancrées à la buvette comme ce Camille Destroit viré de son poste de responsable du rayon frais dans l'hyper. Chômeur héritier d'une ferme menacée par un projet de plateforme multimodale, le voilà combattant de sa "zone à défendre". "Ça s'était fait comme ça, en douceur, par immersion. J'avais l'impression d'être un peu mexicain, c'est vrai, le "za", ça faisait Zapata."
Mais enfin, un homme qui n'aime pas les films de Jacques Demy et la musique de Michel Legrand n'est pas totalement mauvais. Le zéro de Pouy a les bras maigres et les neurones bodybuildés. Depuis plus d'une trentaine d'années, il marmonne quelques obsessions poétiques et désabusées autour des vaches, du train, des pommes de terre et du transit intestinal.
Cet ami de la grande famille du polar (non, on ne rit pas) peut se permettre de planter quelques aiguilles dans les fesses maigrichonnes du prêt-à-penser écolo-vegan et son roman où les jolies filles vous arrachent du sang et des larmes est dédié aux zones humides. Facétieux.
Ma ZAD – Jean-Bernard Pouy – Série noire Gallimard – 200 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 25 février 2018Lire aussi dans Sud-Ouest-dimanche