On est en 2013 quand le roman écrit en 1992 (et publié une première fois au Seuil en 1994) s'ouvre sur un rapport de l'inspectrice principale Jake Jakowicz intitulé "Recrudescence du meurtre hollywoodien" et destiné aux membres de la police criminelle européenne.
Elle y met en évidence que le crime passionnel, s'il n'a pas complètement disparu, est largement supplanté par les séries homicides, signe d'une évolution qui caractérise désormais la violence "spectaculaire" de nos sociétés. En tant que femme, "Jake" insiste sur la nécessité d'une approche bidimensionnelle de la lutte contre le crime. On lui confie bientôt l'enquête sur une série de meurtres qui visent des individus fichés pour leur potentiel génétique susceptible de les transformer en tueurs en série.
Le programme informatique baptisé "Lombroso" en mémoire du criminologue italien, a été piraté par un homme décidé à éliminer les "criminels en puissance". On voit tout ce que le cinéma et la littérature ont puisé dans cette thématique orwellienne.
En interrogeant tous ceux qui "cherchent une vérité au-delà des apparences", de Platon à Wittgenstein en passant par Nietzsche et Bertrand Russell, c'est une véritable "enquête philosophique" que nous propose le roman éblouissant de Philip Kerr.
Une enquête philosophique – Philip Kerr – Traduit de l'anglais par Claude Demanuelli – Livre de poche – 480 pages – 7,90€ - ***
Lionel Germain