Vingt-cinq ans après le meurtre de Marie commis en plein cours par un élèves du CM2, que peut-on espérer d'une photo de classe pour comprendre la logique du drame? C'est à cette question que le roman d'Elisa Vix tente d'apporter une réponse. Aujourd'hui médecin, Adèle est une enfant au moment de l'assassinat de sa mère, une institutrice dont elle n'a gardé que de vagues souvenirs.
Manuel, l'enquêteur auquel elle va faire appel est lui-même un ancien élève de Marie. Il est presque trop bien placé pour ce décryptage des invraisemblances et des omissions des procès-verbaux. Pourquoi les enfants ne désignent-ils jamais celui que la police a identifié comme coupable et qui est mort en s'enfuyant, victime d'une moto "qui passait par là comme par hasard"? Qu'est devenu cet "homme très grand" caché dans la classe selon l'affirmation d'un des élèves? Où sont passés les témoignages des collègues de Marie et celui d'une fillette voisine de Manuel?
Flic et partie prenante des secrets de l'enfance, Manuel est aussi prisonnier de l'obsession de sa propre mère. Elle a forcé le maintien en réanimation de son deuxième fils dont Manuel ne peut satisfaire la supplique quotidienne pour abréger sa vie. La romance qui se noue procède par petites touches sans jamais dévorer le scénario initial, et en ménageant une chute inattendue, le polar d'Elisa Vix trace dans la nuit imbriquée de ses deux personnages, une réponse nécessairement tragique à la question d'Adèle.
Assassins d'avant – Elisa Vix – Rouergue – 176 pages – 18€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 29 octobre 2017