Son héros est un monstre et le lecteur patient n'aura aucune raison d'en douter quand il refermera le livre. Pourtant, loin d'être une invitation à saisir les effets de cette monstruosité tempérée par le discours explicatif d'un enquêteur, le roman de Frédéric Jaccaud renvoie la charge de la preuve au lecteur en effaçant cette fameuse scène de crime par laquelle tout bon polar se doit d'ouvrir le bal.
Le "héros" est un vieillard sommé de convoquer ses souvenirs de l'été 1986 où semble-t-il sa vision du monde s'est définitivement altérée pour le conduire à devenir un tueur. A l'apogée des cendres, il trie les braises d'une innocence perdue avec la découverte du langage.
Monstre – Frédéric Jaccaud – Calmann-Lévy – 218 pages – 17 euros - ****
Lionel Germain – à partir d'un article publié dans Sud-Ouest-dimanche – 8 août 2010