Quatre petits volumes constituent l’essentiel de l’œuvre de Lovecraft, si l’on en exclut les séquelles ou préquelles dont les éditeurs sont familiers. On rajoute parfois un roman prétendument inachevé, "Démons et merveilles". C’est cet ouvrage qui reparaît aujourd’hui, sous sa forme originale d’un recueil de textes courts, dans une traduction renouvelée qui donne l’impression de parcourir des inédits.
Habitué aux horreurs sans nom auxquelles on réduit souvent l’œuvre du reclus de Providence qui disait avoir un jour visité Paris "with Poe, in a dream", le lecteur sera frappé par la quête désespérée d’une enfance perdue dont la pureté imprègne quelques très belles pages. Il découvrira aussi tout ce que le maître de la fantasy devait à Lord Dunsany et à ses contes fantastiques révélés il y a près de vingt ans par Julien Green. Au-delà des hantises déplaisantes qui sillonnent l’œuvre, l’écriture, ici, d’exorcisme devient résilience, et Randolph Carter, l’alter ego de l’auteur, retrouve un temps la clé de la porte des rêves.
Les Contrées du rêve - H. P. Lovecraft – Nouvelle traduction par David Camus Mnémos – 296 pages – 21€ - ****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 28 octobre 2010