Dans la clinique privée du docteur Chandler-Powell, chirurgien esthétique de renom, on a davantage le sentiment d'effectuer une retraite cinq étoiles que d'avoir à subir l'effroi du bistouri. P.D. James excelle dans la description des paysages figés où errent des personnages dont les secrets excitent la curiosité du lecteur. Quand une journaliste d'investigation venue se faire enlever une vilaine cicatrice est assassinée dans sa chambre, le roman d'atmosphère se transforme en roman à énigme.
Une mort esthétique – P.D. James – Fayard – 440 pages – 22 euros - ** –
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 13 septembre 2009
P.D. James qui vient de s'éteindre avait publié en 2000 "Il serait temps d'être sérieuse" chez Fayard. Elle y racontait douze mois de sa vie, un an entre ses soixante-dix-sept et soixante-dix-huit ans. Par un artifice maîtrisé, on y découvrait une autobiographie passionnante dont elle démentait le titre en décrivant la mémoire comme une machine à réinventer sans cesse. "Dans cette mesure, toute autobiographie est une fiction..."
Elle évoque la guerre, son oeuvre bien-sûr et ses rapports avec la télévision, son goût pour la poésie, son travail comme directrice d'un laboratoire médico-légal de police criminelle, ses flâneries dans les garden-party royales, elle qui fut anoblie par la Reine et siégea à la Chambre des Lords. Elle était également membre de la Société Jane Austen.
"La jeunesse est le temps des certitudes. Parvenus à la vieillesse, nous nous rendons compte qu'il y a bien peu de choses dont nous soyons sûrs, bien peu de choses que nous ayons apprises; nous nous rendons compte peut-être que nous avons bien changé. Mais si je revois ma vie, je sais que j'ai reçu de grandes bénédictions."