Les Cinq Nazes sont les personnages dont Arthur Keelt pensait dans Die Amsel (Le Merle – L'Atalante, traducteur et mystificateur, Jean-Bernard Pouy) qu'ils étaient les seuls à pouvoir relever le niveau ici-bas: un coureur cycliste, un curé en rupture de paroisse, un couple d'adolescents fugueurs et une fondue de rock-n'roll. Ils se retrouveront au terme de leur dérive sur les berges d'un bassin à flots, prisonniers de ce rêve du large qui vaut tous les départs.
"Faut voyager interne", dit Jean-Bernard Pouy. Aucun des personnages n'est dupe de la finalité de la course. Elle n'est qu'une exigence formelle pour échapper aux "ovaricités triomphantes et molles", aux fausses amours bunkérisées, au Dieu muré dans le tabernacle, pour s'échapper tout simplement, se retrouver seul en tête, comme dans une classique, avec sa sueur et ses crampes, "l'âme vidée".
Cinq Nazes – Jean-Bernard Pouy – l'Atalante – 176 pages – 10,50€ - **
Lionel Germain