Le dernier roman d'Elizabeth George raconte une histoire tristement banale d'enlèvement d'enfant. Le père est pakistanais, la mère anglaise, et la facilité nous pousse à voir un coupable dans la couleur du temps, musulman si possible. L'intrigue délocalisée en Toscane est d'une paresse impardonnable. L'arrière plan explosif du sujet est exploré sans conviction. Rien de bien grave pourtant aux yeux des inconditionnels de Barbara Havers la roturière et de Lynley l'aristocrate, deux flics que tout oppose depuis plus d'une vingtaine d'années.
On les retrouve au fil du temps avec un bonheur qui doit moins à leur prouesse déductive qu'aux projets de vie qui les font évoluer. Barbara a les cheveux en pétard et la confiance qu'elle place en Azhar le Pakistanais pourrait bien lui coûter sa carrière. Quant à Lynley, dans une exposition d'une grande subtilité, Elizabeth George décrit ses retrouvailles avec Dairdre, la vétérinaire croisée dans "Le rouge du pêché".
A l'opposé du personnage d'Helen, la femme qu'il a perdue dans des circonstances terribles, elle pratique le derby roller dans ces temples du mauvais goût où l'on mange avec ses doigts une nourriture aussi colorée qu'indéfinissable. Barbara tourne une page et Lynley frise parfois le ridicule mais on les aime. Et dans l'amour, n'est-ce pas, il y a des hauts et des bas.
Juste une mauvaise action – Elizabeth George – Traduit de l'américain par Isabelle Chapman – Presses de la Cité – 697 pages – 23,50€ - **
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 2 novembre 2014