On a vu lundi que plus de 20 ans après sa première apparition, le privé de Robert Crais a encore du répondant. Il avait 35 ans en 1987 et exerçait depuis sept ans. Payé 2000 dollars au forfait, il faisait déjà équipe avec l'ancien baroudeur du Vietnam, Joe Pike. Le succès, c'est d'avoir aujourd'hui sa fiche sur Wikipédia. Elle rappelle le Dan Wesson glissé dans l'étui, la "corvette décapotable jaune jamaïque de 1966", les longues rasades de Glenlivet, le bureau sur Santa Monica et la maison sur Woodrow Wilson mais elle ne nous dit pas tout.
De son vrai nom Phillip James Cole, sa mère décida de le changer légalement en "Elvis" après avoir assisté à un concert du King. Lui pense ressembler à John Cassavetes ou Tony Dow mais une gamine derrière un comptoir lui trouve un air d'Andy Summers, ce qui ne devrait pas rajeunir les amateurs du groupe Police.
Sa maison avec terrasse est bien perchée sur les hauteurs, au sud de Laurel Canyon, ce qui lui permet le soir d'admirer les lumières d'Hollywood, comme "des milliers de diamants blancs éparpillés sur la terre". Dans cette première aventure, quand il aura sauvé la veuve et l'orphelin victimes d'un gros trafiquant amateur de tauromachie, il pourra se reposer sur son balcon en mangeant un sandwich au corned-beef avec de la moutarde chinoise.
"Une légère brume vers le sud et vers l'ouest, et, au nord, très haut au-dessus des montagnes de Santa Monica, une mince bande de cirrus. L'air était transparent et humide. Il ne faisait pas encore très chaud mais c'était pour bientôt. Ça, c'est los Angeles."
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Lionel Germain