Flea Marley de la brigade de recherche subaquatique et Jack Caffery, commissaire adjoint à la brigade criminelle, forment un duo étrange, tenu par un secret qui les renvoie de l'autre côté de la barrière, dans cette zone sombre d'ordinaire réservée à ceux qu'ils sont censés poursuivre. Ce jeu du chat et de la souris a commencé dans un précédent épisode dont les incidences n'opèrent qu'à la marge de cette nouvelle intrigue.
A.J., infirmier en chef d'un hôpital psychiatrique de haute sécurité, essaie de vaincre la rumeur qui hante les lieux après les séances éprouvantes d'automutilation de plusieurs patients. Le fantôme supposé de la Maude, une infirmière sadique, provoque une vague de terreur alors que l'hystérie collective est chaque jour étayée par des traces bien réelles. Comme ces poupées, patchwork de laine et de chiffons, objets de désir et de haine, qu'un schizophrène libéré depuis peu pourrait utiliser pour signer ses crimes.
Mo Hayder installe son huis-clos: des pavillons aux noms de fleurs, des patients aux souffrances indéchiffrables, des infirmiers scotchés devant du porno en boucle et les indices d'une folie contagieuse. Loin d'une simple fascination morbide pour la violence, elle explore les artifices du mal avec cette innocence du conteur qui confère à l'angoisse une densité particulière.
Fétiches – Mo Hayder – Traduit de l'anglais par Jacques Martinache – Presses de la Cité – 426 pages – 22€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 8 décembre 2013