Fils
d'un planteur de tabac de Louisiane dans la débine après la Dépression, Jermaine Dejean, sergent de la police militaire et ancien du NOPD, a
perdu sa femme et sa petite fille de 6 ans. Cet alcoolique repenti a également fréquenté
les tranchées françaises de la Grande Guerre pendant trois mois et la police
militaire lui a évité le naufrage en l'affectant sur l'Île de Pearl Harbour le
1er décembre 1941.
Jermaine a du sang noir mais ça ne se voit pas. Sans
lui mentir sur sa différence, son père lui a épargné les conséquences de ses
origines en lui offrant l'éducation réservée aux Blancs.
Difficile de trouver
le bon équilibre avec ce genre de "flics à problèmes". Yann-Fanch
LeFur n'en rajoute pas dans le spleen, et la vérité du personnage s'impose très
vite au cours de l'enquête qu'il mène sur Marvin Burnett, soldat noir de
deuxième classe, cuistot du régiment, suicidé par pendaison. Marvin a laissé
une lettre mais il ne savait pas écrire. Jermaine découvre la loi du Klan sur
cette île perdue dans le Pacifique.
Et
bien-sûr, au milieu de ce chaos judiciaire, surgissement du chaos planétaire
avec l'attaque surprise de l'aviation japonaise. L'auteur maîtrise parfaitement
cette inscription du roman noir dans le grand bazar universel.
A l'aube d'une autre guerre
– Yann-Fanch LeFur – La Lettre Noire – 300 pages – 10€ - ***
Lionel
Germain - Sud-Ouest-dimanche – 28 juillet 2013
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