Malgré
son état comateux, c'est depuis sa chambre d'hôpital que la commissaire Edwige
Marion pressent la nature du danger. Après la mort horrible de deux
adolescents, une menace se précise autour du fils du Président de la République
et se dénoue dans le prolongement de Crimes de Seine, le précédent épisode de
la série. Les bons flics sont parfois inquiétants et la tachycardie du lecteur
est proportionnelle à l'impuissance qui cloue Marion au lit.
Le jour de gloire – Danielle
Thiéry – Rivages – 398 pages – 21,50€ - **
Lionel Germain
Jeux de vilains et zone sensible
Danielle
Thiéry poursuit sa série avec la commissaire Edwige Marion mais Belfond réédite
un de ses romans des années 1990, une époque où les inspecteurs n'étaient pas
encore des lieutenants, où les "grands frères" de certains quartiers
étaient promus éducateurs, et où les services publics se retiraient sur la
pointe des pieds pour des raisons économiques.
Autant d'éléments que l'auteure
rappelle dans sa préface avec un jugement assez sévère pour les décisions qui
furent prises pendant cette période.
"La
Guerre des nains" débute par une partie de paint-ball entre ados qui vire au drame. Un des
participants s'écroule pour de bon, assassiné pour empêcher son témoignage sur
les trafics qui structurent l'économie souterraine de la cité. Vol d'armes,
islamisme, protection rapprochée des grands frères pour empêcher les jolies
beurettes d'aller voir ailleurs si l'amour est plus tendre, la confusion
idéologique est totale et les "anars" n'hésitent pas à s'allier aux djihadistes
pour tenter le casse du siècle sur un fourgon de la Brinks.
Dans
la France d'aujourd'hui, personne ne s'étonnera de croiser les flics corrompus
de cette intrigue et cette haine à vif qui dissout toute approche raisonnable. L'espoir,
c'est pourtant le regard humaniste avec lequel on peut apaiser les tensions. Il
transparaît dans le personnage de l'inspecteur Marc Le Guénec que Danielle
Thiéry a su dépeindre avec un nuancier subtil jusqu'à l'épilogue résolument
optimiste.
La guerre des nains –
Danielle Thiéry – Belfond – 288 pages – 16€ - ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche – 11 août 2013