De Calabre, nous parvient une bouffée nauséabonde sans rapport avec le scandale des ordures mais provenant du même puits ténébreux dont Leonardo Sciascia analysait les miasmes dans "Le jour de la chouette". Andrea Camilleri, qui a bien connu Leonardo Sciascia, se consacre depuis la fin de sa carrière de metteur en scène, à décrire dans ses romans une ville imaginaire de Sicile, Vigata, dont il a d'abord évoqué le passé avant d'en faire la chronique contemporaine avec les aventures du commissaire Montalbano.
Vieux,
gourmand et parfois frivole, Montalbano n'en est pas moins un enquêteur dans un
pays où la collusion entre le crime organisé et le pouvoir politique est un
secret de polichinelle. Si la Ndrangheta cherche à se débarrasser de
l'immigration africaine qu'elle a contribué à installer à la pointe de la botte
italienne, c'est sans doute qu'il y a davantage à gagner en délocalisant la
main d'œuvre européenne de l'Est, plus soluble dans le paysage.
"Les
ailes du Sphinx" raconte entre autres la "collecte" et
l'exploitation de ces jeunes filles russes avec la complicité d'une association
parrainée par des éminences. Entre autres seulement, parce que Camilleri
s'attarde avec bonheur sur l'humanité vieillissante de son personnage, ses
problèmes relationnels avec sa compagne et ses confidences culinaires.
Les ailes du sphinx - Andrea
Camilleri - Pocket - 256 pages – 6,70€ - *** –
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 17 janvier
2010