Quand
Paul Watkins, alias Sam Eastland imagine un flic qui a les faveurs de Staline,
il prend le risque de mettre en scène une ordure de première grandeur. Très
habilement, c'est aussi la curiosité du lecteur qu'il suscite avec ce genre de
paradoxe. En fait, l'inspecteur Pekkala a d'abord été dans les petits papiers
du Tsar et c'est sa connaissance de l'ennemi que Staline utilise. Témoin de
l'ivresse permanente de Raspoutine et n'ignorant rien des commanditaires de son
assassinat, Pekkala ira logiquement au bagne après la révolution bolchevique.
Si Staline le rapatrie sur Moscou, c'est qu'il est le dernier à détenir des
secrets précieux.
Ce
paradoxe du personnage fonctionne sur le principe du plus petit commun
dénominateur. La proximité de Pekkala avec
le nouveau dictateur lui permet d'observer les masques, d'éprouver l'effroi devant
le monstre et de ressentir à quel point c'est l'équilibre fragile de la terreur
qui caractérise ses rapports avec lui. Malgré tout, il reste attaché à la
défense de son pays et collabore avec le régime.
On
est en 1939. Autour du T-34, l'arme décisive des Russes, s'agitent toute une
bande de saboteurs. Pekkala fait son boulot et retrouve sur son chemin les
membres d'une Confrérie blanche, anciens fidèles de l'époque tsariste.
Une
bonne introduction à la compréhension de cette ère du goulag.
Le
cercueil rouge – Sam Eastland – Pocket – 410 pages – 7,60€ - **
Lionel Germain