Le deuxième roman d'Alexandre Lenot qui nous avait séduit avec "Écorces vives" est porté par le personnage de Noé, fils et frère de mauvaise fortune. Noé aurait pu être un enfant sauvage, élevé avec son jumeau Jérémie par un père mutique et violent. Leur maison dans les bois ressemble au paradis perdu de Thoreau. Monde animal, forêt, rivière: un trésor que menace pourtant l'avancée des villes.
L'ombre de la mère absente plane sur ce trio masculin, ersatz de famille rebelle et toxique, autour duquel s'organisent les ruptures. Rupture radicale pour Jérémie en lutte contre les projets d'aménagement, rupture affective entre un père brutal et ses deux fils, rupture existentielle enfin pour Noé dont le corps se délivre grâce à une danse primitive, envoûtante, et offerte aux retrouvailles avec les lieux de son enfance.
Une intrigue aux accents de "protest song" qui rend hommage à la littérature universelle.
Cette vieille chanson qui brûle - Alexandre Lenot – Denoël – 240 pages – 20€ - ****
Lionel Germain
Lionel Germain
Lire aussi dans Sud-Ouest