Abandonnant provisoirement les territoires qui jalonnent son œuvre, du Mato Grosso à la Mongolie en passant par l'Islande, Ian Mannok revisite la mémoire collective pour un roman très personnel au cœur des banlieues parisiennes des années 60.
Une bande de jeunes "voyous" qu'on rebaptiserait "racailles" aujourd'hui fait régner sa loi autour de Meudon-la-Forêt, entre vols dans les magasins et règlements de comptes avec les cités voisines. Sorb et Figos forment une paire d'amis aussi dissemblables qu'inséparables. Le premier est presque un intellectuel et le second déjà un baroudeur, Sorb se verrait bien journaliste quand Figos rêve d'Afrique.
Mais d'abord, il faut régler les conséquences d'un meurtre "involontaire" commis par l'un des membres du groupe. La solidarité du clan et l'intervention d'un flic à l'ancienne rythment cette reconstitution d'une période où l'insouciance toute relative de la jeunesse est soudain confrontée à la violence des "événements" d'Algérie.
Ian Manook fait surgir avec beaucoup de vérité les luttes fratricides et le destin malheureux de Sorb, déchiré entre le désir d'échappée sociale et la fidélité à Figos, embarqué dans l'aventure des mercenaires en Afrique.
Le Pouilleux massacreur - Ian Manook – La Manufacture de livres – 320 pages – 18,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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