Jacques Haret est un écrivain qui a choisi ce pseudonyme pour son rapport phonétique avec le jacaré, un caïman, ou le haret, chat domestique redevenu sauvage. Le voilà donc à Petropolis, "petite Bavière sous les tropiques. Salzbourg miniature à la brésilienne. Une station à l'allemande, provinciale et décadente, accrochée à ses collines."
C'est dans ce décor d'opérette au cœur du Mato Grosso que Stefan Zweig avait trouvé refuge avec Lotte, sa femme. C'est là aussi qu'ils se donnèrent la mort dans les bras l'un de l'autre. Et c'est enfin dans cette maison que Jacques Haret a été invité par le cercle littéraire de Petropolis pour présenter son roman brésilien. Oubliez Yeruldegger et la beauté sauvage du monde nomade auquel nous avait habitués Ian Manook.
Comme Caryl Férey, l'auteur est un écrivain voyageur qui aime changer de latitude et souffler le chaud après avoir évoqué les splendeurs des grands déserts glacés. Outre la littérature et ses mensonges, le roman aborde le sort tragique des Indiens à travers une version tropicale des "chasses du Comte Zaroff". L'art est mensonge et mentir vrai permet au réel d'être une fiction. Une réussite.
Mato Grosso – Ian Manook – Albin Michel – 320 pages – 20,90€ - ****
Lionel GermainLire aussi dans Sud-Ouest