Ancien combattant lui-même, Fahuk Sehic signe un premier roman sur les guerres yougoslaves qui nous remet en mémoire les cinquante ans de cette étrange "République fédérative populaire" et le conflit meurtrier entre Serbes et Bosniens.
L'Una du titre, c'est le nom d'une rivière qui hésite entre Croatie et Bosnie, joue parfois les frontières mais fomente surtout les rêves poétiques et prophétiques de l'écrivain. Voilà l'OLNI de la rentrée, un objet littéraire, c'est une certitude, mais en équilibre instable entre la confession et la tentation épique. Le narrateur est un vétéran. Lors d'une séance d'hypnose, soumis au caprice d'un fakir de cirque, il replonge en lui-même au cœur d'une violence inexplicable.
Il se souvient de sa chair et de son sang, d'avoir donné la mort pour échapper à son propre anéantissement, d'être irréductible à aucun discours sur la logique guerrière. Il se réveillera de ce cauchemar, dans les rues de Berlin, enivré de la tranquille indifférence d'un monde en paix. Un récit fiévreux qui épouse les méandres du fleuve. Lyrique et sombre, comme la guerre.
Le Livre de l'Una – Faruk Sehic – Traduit du bosnien par Olivier Lannuzel – Agullo – 236 pages – 22,50€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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