Quand le compagnonnage des morts est plus bruyant que celui des vivants, il est peut-être temps, comme le narrateur de la première nouvelle, de suivre le battement d'ailes d'un papillon pour s'écarter des sentiers battus.
Tout Pascal Dessaint s'exprime dans cet art de la digression champêtre. Elle dissimule avec courtoisie un trésor de noirceur. La nouvelle, c'est aussi l'art de l'ellipse et l'auteur y excelle. Une femme contemple avec tendresse l'érection de son compagnon. Et après? Dieu a raté son casting pour la planète. "Jusqu'ici tout va mal", la faune et la flore disparaissent, le parfum des cimes ne sera bientôt qu'un souvenir, et le pire n'est plus à craindre, il nous ouvre sa nuit.
Jusqu'ici tout va mal – Pascal Dessaint – Éditions La déviation – 146 pages – 12€ - *** –
Lionel Germain