Le roman de Julie Manarra qu'on pourrait abusivement assigner à la littérature de genre renvoie surtout un écho du “peintre des batailles” d'Arturo Perez-Reverte. Il y est écrit que le monde n'est peut-être destiné qu'à ce massacre permanent des guerres. L'autrice s'empare du photographe de Perez-Reverte. Elle en fait un agent secret sous couverture que sa rencontre avec Manon la journaliste va transformer.
Après l'attentat du Bataclan, il est envoyé en mission. Il s'appelle Esteban, se retrouve sur le terrain des opérations en concurrence avec la nébuleuse du crime que la raison d'état inspire. Les Russes mènent la danse. En Occident, la guerre s'installe en lisière des consciences et "Poutine n'en perd pas une miette." Manon, elle, se retranche dans la beauté sauvage des Balkans avec un autre homme. Son départ alimente le désespoir obsessionnel d'Esteban mais elle est aussi dans la mire des "services".
Histoire d'amour, histoire d'un rapport destructeur entre des personnages dont l'identité se dérobe, le roman nous ramène à cette matrice violente de notre humanité qui accroche ses étendards aux frontières de l'Europe.
Rouge cendre – Julie Manarra – Viviane Hamy – 320 pages – 19,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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