On trouve ce qu'on veut dans la Bible. De l'amour bien-sûr. Et de la haine aussi quand on cherche un alibi à sa colère. Le roman de l'Israélienne Sarah Blau met en scène une spécialiste de la Bible, Sheila Heller dans le tourbillon d'une série de meurtres.
Les victimes sont des femmes qu'on a ligotées avec un poupon dans les bras et le mot "mère" gravé sur le front. Si Sheila se retrouve au cœur de l'enquête, c'est qu'elle-même n'est pas étrangère au pacte qu'avaient signé ces femmes, et si l'inspecteur un peu trop séduisant s'intéresse à elle, c'est qu'elle pourrait bien faire une coupable idéale.
Le questionnement féministe du roman porte sur le statut de "mère" et sur le refus radical qu'il inspire aux "Autres", ces jeunes filles réunies autour d'une promesse d'accomplissement sans recours à la maternité. Mais Sarah Blau décrit le basculement des consciences. Le moment où la "nature" se rappelle au bon souvenir d'une instance "culturelle" implacable.
Si Lilith est l'égale de l'homme à l'inverse d'Ève qui a une dette existentielle envers Adam, elle appartient autant à la démonologie juive qu'à l'étendard féministe contemporain.
Filles de Lilith – Sarah Blau – Traduit de l'Hébreu (Israël) par Sylvie Cohen – Presses de la Cité – 252 pages - 20€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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