Un motel des années cinquante avec de hauts tabourets rembourrés et des chromes étincelants, l'ombre nécessaire, la certitude d'une clarté asphyxiante à l'affût sur le parking, l'encolure glacée d'une bouteille de bière et un jukebox qui grésille un air de country. Du Texas au désert mexicain, James Crumley embarque ses deux poivrots, Milo et Sughrue, pour une virée homérique où la castagne est reine.
Il s'agit pour les deux amis de retrouver l'escroc qui a étouffé l'héritage de Milo. Les méchants sont tatoués des talons aux sourcils. Les héros sont fatigués et l'alcool coule à flot. Les femmes sont de passage. Les hommes aussi, mais ils ne le savent pas encore. "Mon père, piégé dans un mauvais mariage, amoureux d'une autre mauvaise femme, s'était suicidé d'un coup de fusil alors que j'étais encore enfant. Ma mère s'était pendue avec son collant taille XL dans une clinique d'amaigrissement alors que j'étais adolescent engagé dans la guerre de Corée." Belles retrouvailles avec un mythe du roman noir.
Les Serpents de la frontière – James Crumley – Traduit de l'américain par Jacques Mailhos – Illustrations de Joëlle Jolivet - Gallmeister – 432 pages – 24,40€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
Lire aussi dans Sud-Ouest