James Sallis n'est pas un faiseur d'histoires. En cultivant l'extrême légèreté, il est au polar ce que Dominique Bagouet était à la danse, un navigateur en suspens entre ciel et terre.
Le musicien joue une nouvelle fois du porte-plume dans une bourgade américaine où le shérif et le médecin de famille interrogent les corps décomposés retrouvés dans une ancienne carrière. L'harmonie profonde du récit révèle peu à peu son narrateur, le docteur Lamar, fils décevant d'un père qui l'aurait voulu écrivain à son image. Rationnel sans jamais être prévisible, le roman s'affranchit parfois du principe de réalité pour mieux cerner les incertitudes de la conscience. Excellent.
Willnot – James Sallis – Traduit de l'américain par Hubert Tézenas – Rivages noir – 224 pages – 19€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 28 avril 2019Lire aussi dans Sud-Ouest