Un circuit touristique du crime littéraire ne peut plus faire l'économie d'un détour "Chez Sam" en Irlande. Tout y est comme à la parade: la violence, l'obscurité générique de la ville, la plainte sans cesse contenue des âmes blessées. "Dans ces rues sordides doit s'avancer un homme qui n'est pas sordide lui-même", précise Raymond Chandler en exergue d'un chapitre.
Et voici Karl Kane, détective privé à la recherche du sens dans une série de meurtres, glanant ses infos auprès d'indics aussi réjouissants que des croque-morts, le fondement dévoré par une douleur qui semble existentielle.
Le vrai flic, c'est son beau-frère. Le visage grêlé par le souvenir d'une cartouche de fusil tirée en pleine figure, il officie dans une brigade où règne un sexisme des plus ordinaires. Et Belfast diffuse sa mélodie pluvieuse, acide et noire comme la nuit irlandaise.
Les chiens de Belfast – Sam Millar – Traduit de l'anglais par Patrick Raynal – Seuil – 272 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain