Malcolm
Bannister, ex-avocat noir de 43 ans, purge une peine de prison pour avoir tenté
de régler les affaires de Barry le Bakchich, un lobbyiste indélicat. Accusé à
tort, il n'a plus qu'un objectif, retrouver l'air libre en combinant vengeance
personnelle et coup de poker destiné à lui assurer le statut de témoin protégé.
En contrepartie, il s'engage à livrer le nom de l'assassin de Raymond Fawcett,
un juge fédéral.
Voilà
le topo à partir duquel, Grisham met au point la mécanique de précision d'un
plan que le moindre grain de sable peut faire capoter. Les agents du FBI sont
sur les nerfs parce que l'assassinat du juge reste inexpliqué. Autrefois porté
à gauche, il a évolué en fin de carrière pour apparaître comme le soutien zélé
des intérêts miniers en Virginie où subsiste un filon inexploité d'uranium qui
donne des cauchemars aux écologistes. Mais seul le mobile du vol a été retenu
par les enquêteurs.
Alors
à quoi joue Bannister et d'où tient-il ses informations? La réponse sans cesse
différée vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière page. Ce qui n'empêche pas
Grisham de soigner l'arrière-plan de son intrigue et de réussir à rendre compte
des humiliations ordinaires auxquelles sont soumis les détenus, noirs de
préférence, de décrire avec une grande vérité cet assujettissement à la toute
puissance des surveillants pénitentiaires, souvent d'anciens flics ou d'anciens
militaires au palmarès peu flatteur. Dans un pays qui dépense 40 000 dollars
pour un prisonnier et 8 000 pour un élève d'école primaire, l'affaire est
rentable pour de longues années.
Le Manipulateur – John
Grisham – Traduit de l'américain par Johan Fréderik Hel-Guedj – Robert Laffont
– 386 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 14 juillet
2013
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