Dominique Faget hésite entre deux destins littéraires, celui d'auteure de polar et celui d'auteure de romans historiques. Comme dans "Celui qui ne meurt jamais" où elle retrouvait avec maîtrise les échos lointains d'une odyssée africaine, elle nous propose avec cette "Crypte du diable" de voyager jusqu'au dix-septième siècle dans le Bordeaux du bord de la Devèze. Fabrizzio, un peintre amoureux de Catherine, une jeune fille au-dessus de sa condition, va nous servir de guide au cœur d'une année terrible pour la ville.
A chaque fois, Dominique Faget rajoute une dimension contemporaine à ses récits, le fameux polar destiné à servir de passeport vers un passé qui n'en finirait pas de produire des effets à travers le temps. La restitution admirable du vieux Bordeaux de 1628 suffit pourtant au bonheur du lecteur. Quand Fabrizzio vient chercher Catherine chez son père, Étienne Chantecaille, la maison infestée est une antichambre de l'enfer où pourrit le corps boursouflé du propriétaire des lieux.
La peste se répand dans Bordeaux. On découvre les origines historiques du mal, on se perd à proximité des quais dans le bruissement de tous les petits métiers qui ont fait la richesse de la ville, on frissonne dans les ruelles maussades d'avant les rêves de splendeur de Tourny, et c'est passionnant.
La crypte du diable – Dominique Faget – Vents salés – 388 pages – 21€ - ***
Lionel Germain